Un monde tourmenté par les divins. Un monde où les forces du bien et du mal s'entrechoquent ne laissant aucun réel vainqueur. Un monde où le chaos et l'espoir coexistent afin de ne former qu'un équilibre si fragile et éphémère. Alors que les terres magiques du Sekai ne font que se remettre des dégâts causés par une terrible et meurtrière guerre opposant les races mortelles aux entités divines, l'incertitude continue de vagabonder dans l'atmosphère. Les nations et grandes puissances se préparent à l'inévitable. Les ténèbres rôdent. Elles arrivent. Les conflits et les divergences d'opinion entre les différents peuple du Sekai éclatent. Puis, au cœur de tout ce contexte disparate, il y a vous, le Héros de l'histoire, l'Élu. Entre vos mains, vous détenez une part de la destinée de ce monde si singulier. Choisirez-vous d'être un sauveur ou un destructeur ? Le bouclier ou l'épée ? Saisissez-vous de vos sortilèges et de vos armes, car cette aventure rocambolesque est la vôtre !
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Présence teintée d'obligation || Valerion
Ysia Laydon
Dangshuan
Dangshuan
Ysia Laydon
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Sans_t10
CITATION : “La culpabilité et le péché ne sont que peurs du passé.”
De Stanislaw Jerzy Lec
2020-11-20, 00:20


-- An 4, printemps --
Université Magique de Liberty


Présence teintée d'obligation ||  Valerion Illu_e10

Présence teintée d'obligation

Présence teintée d'obligation ||  Valerion D9nvqsp-23c70a14-73db-4020-ae36-ff19b7646b55.gif?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOiIsImlzcyI6InVybjphcHA6Iiwib2JqIjpbW3sicGF0aCI6IlwvZlwvYjgyOGNiMTAtN2UyOC00NmFmLTg4NjctZTcyMTVhMmE4OGU2XC9kOW52cXNwLTIzYzcwYTE0LTczZGItNDAyMC1hZTM2LWZmMTliNzY0NmI1NS5naWYifV1dLCJhdWQiOlsidXJuOnNlcnZpY2U6ZmlsZS5kb3dubG9hZCJdfQ

- «  Ysia ? »
- «  Mh ? Je suis déjà en retard, je dois me rendre à l’université Magique. »
- « Un accident »
- «  Non, une présence simplement du corps médical au cas où… Une permanence. À plus tard »

Amélise m’avait regardé à la fois curieuse et mitigé vis-à-vis de ce départ quelque peu précipité. Je n’avais jamais été une grande bavarde et je m’étais contentée du minimum d’explication. La soignante était plutôt bavarde, du genre qui ne s’arrête pas, à se demander où elle trouvait autant de salive pour articuler cette montagne de mots à la seconde. Rassemblant mes affaires, ne prenant que le nécessaire, je me demandais encore pourquoi l’université insistait autant pour qu’une fois par semaine une présence médicale soit réalisé. N’avait-il pas des magiciens pouvant soigner en un battement de cils ? Cette question resta un instant dans mon esprit, avant de se faire balayer par cette constatation désagréable : j’étais en retard -comme souvent-. Retirant ma blouse le temps du trajet, l’enfouissant dans mon sac sans grande délicatesse avant de le glisser dans mon dos, je pressais le bas pour quitter le bâtiment que représentait mon lieu de travail. L’hôpital derrière moi, je ne pouvais que glisser mes mains dans ma chevelure, la dénouant du bout des doigts, laissant le vent faire virevolter quelques mèches ici et là.

Je n’ai pas pris la peine d’enfiler le moindre manteau, la moindre cape, tête en l’air sans le moindre de doute, j’avais sous-estimé la fraicheur du jour. N’ayant que peu de temps pour m’apitoyer sur la froideur qui se dégageait de mon corps, je me contentais de me frotter les mains l’une avec l’autre, de pincer mes lèvres et de rentrer légèrement les épaules pour tenter de me réchauffer à ma manière. Quelques frottants le long de mes bras, un grognement qui s’échappe de ma gorge alors que je maudis de ne pas posséder des tenues davantage composées de tissu. Je n’ai pourtant pas passé autant d’années dans l’eau que sur terre, pourtant, je semble toujours incapable de m’adapter aux vêtements. Ma robe est légère, courte, d’un bleu nuit qui recouvre mon corps de mes bras jusqu’au milieu de mes cuisses. J’ai des bottes montantes hautes et une ceinture autour de la taille. Je pensais que cela serait suffisant, visiblement pas. Je ne peux m’empêcher de jouer avec mon collier dont le pendentif est un coquillage, me perdant un instant dans cette nostalgie des profondeurs marines. Un jour peut-être, mais pas maintenant, je ne me sens toujours pas prête.

Prise dans mes pensées, je crois que je suis bien incapable de définir les rues que j’ai empruntées, je n’ai même pas vu passer les bâtiments pourtant reconnus et souvent observés par les visiteurs et étrangers de la ville. Il m’avait semblé avoir entrevu un petit groupe s’accumuler aux portes de la fondation, sans doute dans l’attente de recevoir quelques aliments ou un soutient mental. Je m’étais promis de faire des permanences pour les plus démunis, permanence que je ne trouve pas le temps d’honorer, évidemment. Pressant le pas dans un nouveau grognement de contrariété, pensant naïvement que sauver des vies pourrait ramener la sienne à lui, cruelle naïveté. L’université, est grande, immense, elle se voit de loin et laisse presque penser que peu importe la rue qu’on emprunte on la retrouvera.

Je maudis ce collègue qui a eu une urgence, c’est de sa faute si je suis là, ça et sans doute le fait que j’ai perdu dans notre pari stupide. Le verre de trop vous fait bien faire des conneries. Demain j’arrête de boire. Reste à définir à partir de quel demain je ralentis. Fronçant les sourcils, je ne suis plus certaine de l’explication qu’il m’a fournie vis-à-vis de l’emplacement du bureau. Immobile devant l’imposante entrée, j’hésite un infime instant à rebrousser chemin. Il ne vont pas mourir si pour une fois… Un pas en avant, un pas en arrière et je finis par entrer pour me perdre dans l’imposant hall, presque aussi impressionnant que le restant du bâtiment. Cette université est reconnue, si bien que je suis incapable de définir le nombre d’individus présents, les origines sont variées et je me plais à rêver juste un instant croiser une sirène ou même une fée. Cet espoir s’envole rapidement alors que je sens une main se déposer sur mon épaule.

- « Madame, vous avez une autorisation, je peux vous aider ? »
- «  Je suis le médecin Laydon, je remplace mon collègue le docteur James. C’est pour la permanence »

Je vois ses yeux s’écarquiller, visiblement soit elle avait oublié, soit elle est terriblement déçue de ne pas voir mon collègue. Quoiqu’il en soit, je sens mes dents venir mordiller l’intérieur de ma joue, mes lèvres se pincer. Ma main vient frotter l’arrière de ma nuque, avant que je ne me décide à opiner devant son hésitation et sa demande de patienter. Ca pour patienter, je patiente et je préférais largement être ailleurs. J’ignore combien de temps je suis restée là, dans ce grand hall à aviser autour de moi, à regarder les jeunes et les moins jeunes passer, tout en m’interrogeant sur le don qu’il possède, la magie qu’il utilise. Néanmoins, celle qui semble apprécier me faire perdre mon temps avait  fini par m’indiquer le chemin, m’offrant une petite carte de visiteur à accrocher où il était notifié « médecin ». Un soupir encore et me voilà à déambuler dans le lieu tout en me répétant à de multiples reprises les indications de celle qui n’a pas trouvé intelligent de m’accompagner. Quand enfin je pense avoir trouvé le bon lieu, j’ouvre la porte sans réfléchir et tombe nez à nez avec un homme à la chevelure blonde… Ou plutôt un elfe, je sens ma tête se pencher, j’ai les bras chargés par mon sac, je sens ma patience me quitter.

- «  C’est mon bureau de permanence ici » soufflais-je en entrant pour déposer l’ensemble sur le bois, peu importe que ses affaires y soient ou non «  Vous venez peut-être consulter ? C’est gratuit, c’est offert par l’université, je peux vous aider ? »

Je me dis qu’en ayant un peu sur de moi ça passera et même si je me suis trompée de bureau, il ne va pas oser me contredire, si ? Fouillant dans mon sac et lui tournant le dos l’espace d’un instant, je récupère ma blouse que j’enfile, laissant mes doigts courir sur le tissu pour défroisser un peu l’ensemble.

Valerion Victorius
Dangshuan
Dangshuan
Valerion Victorius
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Wmh3
CITATION : L'habit ne fait pas le moine.
2020-11-23, 13:51
« Vingt-trois novembre de l’année quatre. Je me suis levé du bon pied, aujourd’hui, bien décidé à postuler à l’académie des mages en tant que professeur, et c’est aidé par le lotus du rêve que j’accomplirai mon but. Cette curieuse plante à la rareté indiscutable attire tous les chercheurs, mais ce sont véritablement ses propriétés magiques qui en font un atout-maître pour l’avenir. Selon mes recherches, et pour l’utiliser, il est nécessaire de créer une connexion énergétique avec elle, son utilité consistant à canaliser la « mana » pour le lancer de sortilèges puissants. Je n’ai pas eu l’audace de la disséquer, au risque de l’abimer et de voir tous mes préparatifs tomber à l’eau, mais il est chose sûre que ce végétal ne possède pas d’organes reproducteurs à l’instar de la plupart des autres plantes. Malgré l’étrangeté de la situation, je continuerai mes recherches un autre jour, ayant un entretien à passer ce matin. »

Il referma son journal et s’expulsa de la chaise faisant face au bureau et sur laquelle il était assis depuis de nombreuses minutes, suite à quoi il se dirigea vers la cuisine. À l’intérieur, il s’approcha de la théière qu’il avait laissé réchauffer depuis ce matin et agrippa une petite tasse dans laquelle il versa sa boisson. Quelques gorgées de son thé préféré avaient réussi à le revigorer en cette repoussante journée d’hiver avant qu’il ne monte dans sa chambre, tirant ses atours d’érudit de l’armoire avant de les porter de manière ostentatoire. En vérité, ils servaient à autre chose qu’à la décoration, car ils empêcheraient la brise hivernale de s’infiltrer dans son corps et de lui glacer le sang. Quoi qu’il en soit, il était enfin prêt à quitter son domaine pour Liberty.

À l’extérieur, il paya un carrosse de transport quelques pièces d’or pour l’amener à la capitale de Dangshuan ; la route serait longue, mais il était content de ne pas avoir à la traverser à pied, d’autant que cet investissement lui permit de parcourir les plaines sans se soucier plus que ça du froid mordant ou d’hypothétiques périls.

Arrivé à la métropole, il descendit du véhicule en remerciant amicalement le chauffeur, avant d’emprunter le chemin le plus court pour l’académie magique. Les rues de Liberty étaient saturées d’une population cosmopolite mais élitiste ; l’on pouvait voir dans leur regard toute la fierté caractéristique de leur appartenance à une nation libérale et ouverte. De Liberty à Truth en passant par Light, les idéologies, qu’elles soient forcenées ou pacifiques, faisaient légion : la rupture entre Dangshuan et Reike, par exemple, se situait dans l’acceptation totale des mœurs et des visions de tout un chacun sur les terres de la nation érudite. C’était parfait pour l’instituteur des arcanes en devenir puisqu’il pouvait adopter une idéologie particulière le temps d’obtenir ce qu’il désirait sans rendre d’aucuns soupçonneux, chose qu’il a fait moult fois par le passé.

Pénétrant le grand bâtiment aux murs de pierres et aux fondations en bois, il prit la peine de se renseigner un instant sur l’emplacement du bureau de recrutement : ces couloirs étaient grands et parcourus d’un nombre d’apprenants et d’instituteurs. Il finit tout-de-même par toquer à la bonne porte.

-Entrez !

L’érudit ne se fit pas prier pour s’avancer vers le vieil homme accoudé à son bureau et s’assoir gracieusement sur une chaise lui faisant face. Il était chétif et le poids de l’âge se dessinait sur son faciès ridé, de même, il avait les cheveux blancs et une voix cassée : Valerion était peut-être plus vieux que lui, mais il était bien mieux conservé.

-Salutations. Je suis Valerion Victorius et je viens ici dans l’espoir d’intégrer l’académie des mages en tant que professeur.

Le regard que le recruteur lui avait lancé à ce moment là était empli de curiosité ; Valerion comprit de suite que c’était à cause de ses origines elfiques, son peuple n’étant pas le plus grouillant d’individus.

-Et bien enchanté, monsieur Victorius. Je vais devoir vous poser quelques questions ; ce sont juste des formalités ! Dites-moi, quelle est la branche arcanique que vous maîtrisez le mieux ?

-Je suis un invocateur.

-Très bien, je suis heureux de voir que vous comptez briser la monotonie de notre établissement ; nous avons des mages de destruction en grande quantité, beaucoup de simples intellectuelles, mais rares sont ceux se risquant à créer la vie. Cela vous dérangerait-il de me faire une petite démonstration ?

-Absolument pas.

Sans perdre une seconde, deux guerriers spectraux apparurent derrière lui ; Valerion avait prévu ce moment, alors il utilisa l’énergie du lotus du rêve pour faire durer ses êtres magiques autant que faire ce peut. Il se devait d’être discret, bien-sûr, alors il ne retira pas la fleur de sa sacoche.

-Ce sont des chevaliers fantomatiques, spécialisés dans le combat à l’épée. Je peux aussi faire apparaître de simples objets, mais je présume qu’une création plus durable, plus utile et plus énergivore saura mieux prouver que je ne suis pas ici pour plaisanter.

Un grand sourire se dessina se le visage du recruteur alors qu’il plissait les yeux.

-Très intéressant.

Par la suite posa-t-il ses yeux sur l’elfe, se reconcentrant sur lui.

-Maintenant la question que vous attendiez certainement, et je pense, la plus importante : pouvez-vous me faire un bilan de votre parcours scolaire et éducatif ?

Valerion mit sa main sur son menton, l’air de réfléchir.

-Et bien j’ai fait mes études à l’école générale du Prestige avant même la grande guerre, puis j’ai travaillé à l’université de Liberty en tant que professeur d’histoire. Ma mère m’a beaucoup aidé à en apprendre sur les nations et les dieux, et mon père, de son côté, a fait naître en moi la passion de la magie merci à sa grande maitrise et à son talent inné. J'ai aussi publié un livre parlant de la guerre divine.

-Excusez mon indiscrétion, mais je viens à peine de faire le parallèle avec un écrivain que je lisais beaucoup dans ma jeunesse : êtes-vous le fils de Lucien Victorius ?

-C’est exacte.

Le petit sourire en coin de la lèvre du recruteur ne fit que s’étendre ; mais cette fois-ci, ce n’était plus par passion qu’il affichait une telle expression, mais bien par fierté d’avoir rencontré le fils de sa figure d’enfance.

-Votre paternel était un grand homme, monsieur Victorius, et je pense qu’il ne sera pas déçu par sa succession.

Valerion mima l’expression qu’il observait sur le visage de son interlocuteur, donnant l’impression qu’il était sincèrement touché par le discours du recruteur.

-Bien, reprenons notre entretien. Pouvez-vous me dire la raison pour laquelle vous entreprenez d’enseigner dans cette université ?

C’était à ce moment précis que ses talents d’improvisateur se devaient de lui être utiles ; il fallait à la fois s’inventer un personnage démagogique et philanthrope, mais aussi et surtout l’incarner de la façon la plus naturelle qui soit.

-Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours été passionné par l’art des arcanes, et mon rêve est de transmettre cet amour pour la magie à de jeunes générations. Je crois que tout le monde a le droit d’approfondir ses connaissances et d’enrichir sa culture dans un milieu bienveillant, et c’est ce que je suis prêt à offrir à mes élèves.

Après avoir achevé sa phrase, Valerion se retint de ricaner tant la niaiserie de son discours était insultante pour l’intelligence de son interlocuteur, mais la tâche devint plus ardue lorsque le recruteur se montra naïvement ému par ce qu’il avait entendu.

-C’est vraiment très louable de votre part. Dernière question : avez-vous un positionnement particulier au sujet de la guerre divine ?

-Père, paix à son âme, pensait qu’il était possible de forger un monde bâti sur le respect de l’autre et des divergences. Il disait souvent qu’il fallait aimer son ennemi pour son propre bien, et j’aimerais vivre avec cette doctrine gravée dans mon cœur.

Acquiesçant avec un long hochement de tête, il prit une plume et marqua l’on ne savait quoi sur son grand cahier.

-Nous en avons terminé. Votre candidature a été enregistrée et sera étudiée prochainement. Néanmoins, ce serait gentil de votre part si vous pouviez donner cours aujourd'hui : l'un de nos enseignants en invocation est malade, vous feriez un bon remplaçant.

Avec une satisfaction difficile à dissimuler, Valerion remercia le recruteur et partit pour la classe indiquée par son emploi du temps se trouvant dans la salle des professeurs.

-Salutations, je suis Valerion Victorius, votre nouveau professeur. Le cours d’aujourd’hui portera sur l’invocation d’objets simples ; mais d’abord, permettez-moi de faire l’appel.

S’approchant de son bureau à l’autre extrémité de la pièce, il se pencha pour regarder le grand carnet posé dessus. Soudainement, un bruit retentit derrière lui : la porte s’était ouverte et quelqu’un s’était introduit dans la classe ; Valerion s’attendait à un retardataire, mais il n’en était rien. Elle assurait pouvoir offrir une assistance médicale à qui le veut bien, et au-delà de sa bêtise manifeste, c’était son assurance mal placée qui fit grincer des dents Valerion. C’était la première fois depuis très longtemps qu’il était à deux doigts de laisser tomber son masque : les poings serrés, il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. « Toujours apparaître amical et courtois, perdre la confiance des gens est la pire chose qui peux t’arriver, ressaisis-toi » se dit-il dans sa tête.

Lorsqu’il se retourna, c’était avec un sourire chaleureux qu’il accueillit l’interlocutrice.

-Salutations. Vous êtes dans une salle de cours : qu’il n’y ait pas de méprise, les couloirs d’ici sont presque labyrinthiques, mais je crains bien que vous ne vous soyez trompé de pièce. Puis-je vous aider ?
Ysia Laydon
Dangshuan
Dangshuan
Ysia Laydon
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Sans_t10
CITATION : “La culpabilité et le péché ne sont que peurs du passé.”
De Stanislaw Jerzy Lec
2020-11-23, 22:31


Présence teintée d'obligation ||  Valerion Illu_e10

- « Une salle de cours… n’importe-»

C’est sans doute à ce moment précis que je réalise, laissant mes prunelles balayer l’ensemble, s’écarquillant légèrement sous la surprise. Je déglutis, avise celui qui se trouve donc sur l’espèce d’estrade centrale et où par défaut je me retrouve aussi sous le regard inquisiteur des quelques étudiants présents. Je dois bien avouer que je ne peux m’empêcher de faire silence, le détaillant un long moment sans savoir si je dois m’enfouir, faire demi-tour, aller m’installer, ou rester dans ma ligne de conduite première : prétendre qu’il est dans ma salle de permanence. Il peut se tromper aussi, non ? Me décalant légèrement, abandonnant peu à peu ma blouse, pour la replier sur elle-même, je laisse le tissu glisser le long de mon dos, pour le replacer dans mon sac, ne pouvant m’empêcher de m’approcher du bureau pour récupérer les quelques effets que j’avais délaissés. Je fermais les yeux un instant, soufflais du nez au moment où mes doigts récupéraient mes affaires. Ne pouvais-je pas faire un peu attention… Je ne devrais même pas être ici après tout. La totalité de mes affaires en main, je reculais d’un pas, dévisageant l’elfe qui se prétendait professeur, professeur de quoi d’ailleurs ? Les multitudes de petits yeux observateurs venaient scruter nos silhouettes réciproques et une nouvelle fois, je ne parvenais aucunement à me décider sur la marche à suivre. Je ne parviens nullement à dresser un sourire sur mes lèvres et ma main vient à de bien trop nombreuses reprises frotter l’arrière de ma nuque.

- « Mes excuses » lâchais-je finalement sans que cela ne sonne véritable comme tel « Je pensais tomber sur le bureau de permanence, on m’a indiqué la porte au bout des escaliers, non loin de la bibliothèque et.. » étais-je réellement en train de parler comme si de rien n’était alors que l’elfe attendait sans doute de pouvoir refaire cours « Mais, comme je suis là, puis-je peut-être profiter de votre enseignement ? »

Je m’étais éloignée d’un pas, cette idée me semblait plus convenable, ainsi une fois qu’il aurait terminé -j’imaginais qu’un cours n’était pas particulièrement long-, il pourrait m’accompagner et me montrer la fameuse salle de permanence que j’allais occuper pour le restant de ma journée, sans le moindre doute sans voir la moindre personne. Autant se sociabiliser un peu. Roulant des épaules, je préférais clarifier ma pensée, non sans m’écarter davantage afin de lui laisser tout l’espace que son rôle implique.

- « Qui n’a pas besoin d’une assistante en plus ? » l’interrogeais-je en balayant quelque peu la salle des yeux « et puis, ce sont rarement les étudiants qui se portent volontaires non ? Promis, je sais me faire discrète » je laisse un bref et infime silence « Ainsi par la suite pour me remercier de mon volontariat vous pourrez me guider dans les couloirs labyrinthiques qui se ressemblent tous ? C’est entendu alors ? »

Pivotant légèrement, j’avise derrière moi, cherchant à me trouver une petite place, un endroit discret, mais pas trop loin de la sortie, sait-on jamais soudainement que cet elfe décide lui aussi de disséquer un membre de mon espèce… J’ai un soupçon d’espoir, ce dernier étant un elfe et par extension une… Mh. J’ai senti mes sourcils se froncer et le doute s’immiscer, mon regard a dû accrocher la porte que j’ai fortement hésité à prendre sur l’instant. Trouvant finalement un recoin, je n’ai pu m’empêcher de m’y installer, prenant place, laissant mon sac couler le long de ma cuisse pour se retrouver sur le sol, extirpant un ouvrage qui me servait plus à prendre mes notes ou à notifier les éléments que je ne dois pas oublier. Je n’ai bien évidemment pas l’intention de notifier le moindre soupçon de ce cours, non pas que cela ne m’intéresse pas, mais tout simplement parce que je ne suis pas en mesure de développer d’autre forme de magie que la mienne, qui est principalement en lien avec l’eau.

- « Excusez-moi ? » fis-je finalement « C’est un cours de quoi exactement ? » l’interrogeais-je « Non pas que je retire mon offre » je me suis surprise à lever la main, certes un peu en retard, comme par le passé « Mais si vous avez dans l’idée d’ouvrir toute forme de bestiole, il serait plus prudent pour nous deux d’attendre un peu »

J’ai entendu un petit rire derrière moi, rire qui a rapidement cessé alors que j’ai lancé un regard aussi froid que possible à ce jeune qui ose se moquer. Un humain sans le moindre doute. J’ai senti mes doigts s’enfoncer dans le tissu recouvrant partiellement ma cuisse, alors que je me surprends à développer une certaine animosité silencieuse vis-à-vis de ceux qui peuplent pourtant principalement la ville. Glissant finalement une main derrière ma nuque, frottant légèrement, j’ai fini par lever les mains pour indiquer à ce fameux professeur que je promets de faire silence. Promettre est un bien grand mot, mais je peux au moins essayer. Je ne suis habituellement pas une grande bavarde, mais bon… Derrière moi je perçois quelques murmures, l’un d’eux prétend que ce fameux enseignant est nouveau, l’autre ne peut s’empêcher de commenter son aspect elfique et la troisième elle se demande si les elfes ont des spécificités particulières raciales. Je sens une nouvelle fois mes lèvres se pincer, préférant largement faire preuve de silence et observer. Une fois l’ensemble terminé, nul doute que j’aurais peut-être l’occasion de davantage converser, non ?

Dans un sens et même si j'avais moi même proposée cette idée lumineuse, je n'avais pu qu'enfouir un instant mes mains au niveau de mon visage, espérant que cela passe vite, très vite... Comment pouvait-il enseigner dans un tel murmure permanent complétement hors sujet la plupart du temps ?

Valerion Victorius
Dangshuan
Dangshuan
Valerion Victorius
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Wmh3
CITATION : L'habit ne fait pas le moine.
2020-11-25, 16:33
Le message était enfin passé : après qu’elle n’eut observé les murs blancs autour d’elle et les tableaux divers et variés les décorant, elle posa enfin ses yeux sur une vingtaine d’apprenants assis et accoudés à leurs tables de bois, lui répondant, pour la plupart, avec un sourire moqueur. Ces yeux accablants étaient juges, mais leurs propriétaires avaient fait vœu de silence, et durant ces quelques secondes de quiétude, Valerion eut pleinement le temps d’observer en détail l’individu lui faisant face. Elle était de courte taille et d’une finesse en adéquation avec sa féminité ; de même, sa nuque était cachée par un cuir chevelu long et roux. Concernant son accoutrement, elle portait un simple débardeur marron et sans manche. Ce qui retint le plus son attention fut la peau de ses coudes recouverte d'écailles : ils étaient caractéristiques d’un dragon à la transformation inachevée ou d’une sirène. La mystérieuse dame s’agitait et prononça ce qui lui semblait le plus pertinent.

-Ce n’est pas la peine de vous excuser, le cours n’avait même pas encore commencé !

À ce moment la espérait-il paraître aussi réconfortant et digne de confiance que possible ; c’était exactement cette maîtrise de soi et ce simulacre de bienveillance qui fut un atout majeur dans ses relations avec autrui, et il ne comptait le gâcher sous aucun prétexte. De son côté, le docteur manifesta son envie de s’improviser élève : la situation était déjà un méli-mélo bien assez grand, mais il lui prêta tout-de-même attention. Elle affirmait vouloir assister le chercheur dans son cours en échange d’un guidage en profondeur dans la faculté. Pris au dépourvu, il ne put qu’accéder à sa requête, un grand sourire sur le visage.

-L’écoute d’une collègue de travail m’honorerait ! Prenez place, je vous prie.

Devant le loufoque de ce situationnel, et alors qu’elle tentait tant bien que mal de se faire discrète, l’on pouvait ouïr des éclats de rires aux quatre coins de la grande pièce. En temps normal, cela ne ferait ni chaud ni froid au chercheur, mais son petit doigt lui disait que le médecin pouvait lui être utile. Ainsi, il fronça les sourcils, leva l’index et déclara ce qui suit.

-Dans cette classe, le respect et la discipline sont des valeurs sûres, alors soit vous vous y plierez, soit vous quitterez la pièce non sans une pénalité dans vos notations futures. Ceci est votre premier et dernier avertissement.

Le silence régnant dés lors d’une main de fer, Valerion s’approcha de son bureau pour faire l’appel : il était une bonne chose de constater qu’à chaque fois qu’il prononçait le nom d’un élève, il avait droit à un « présent » à peine crié. Cela impliquait qu’il n’avait pas besoin de faire la leçon à des étudiants en retard, et c’était une très bonne chose. Il se tint de plus belle au milieu de l’estrade, la tête haute et le regard droit.

-Bien, nous pouvons entamer notre cours.

S’apprêtant à étayer son propos, il fut coupé par la rouquine qui voulait s’assurer d’avoir bien compris la matière qu’il enseignait. Il devenait de plus en plus difficile de supporter son manque de tact, mais c’est avec une moue intéressée qu’il lui donna une réponse.

-Mon cours portera sur l’invocation d’un point de vue holistique, mais ne vous en faites pas, il ne sera sous aucun prétexte question de disséquer quoi-que-ce soit, si c’est ce que vous entendez par « ouvrir une bestiole ».

Raclant sa gorge l’espace d’une seconde, il se mit à dévisager tout un chacun en s’exprimant avec toute l'élégance dont il était capable.

-L’invocation consiste à demander audience auprès d’une forme d’énergie pour la manifestation d’objets ou de formes de vie. La majeur partie du temps, « les forgerons magiques », comme j’aime à les appeler, le font dans une visée purement érudite, mais il arrive bien souvent que les invocateurs aient en perspective d’utiliser leur création de manière défensive voire offensive. Cela implique de quitter le domaine de la recherche pour se consacrer aux arts du combat, et c’est un pan de nos études qui nous concernera à la fin de votre programme, je ne m’y attarderai donc pas.

Il se tût un instant, observant ses élèves.

-Quelqu’un pourrait-il me dire quels sont les deux types d’invocations majeurs et me les décrire ?

Un jeune homme brun et en manteau noir leva sa main.

-Vous.

-Il y en a deux, monsieur. La première consiste à utiliser sa propre énergie dans le procédé, et la deuxième fait appel à des mondes extérieurs, bien souvent divins.

-C’est exactement cela, pourriez-vous me donner votre nom ?

-Léopold Mac Léon.

-Vous pouvez applaudir monsieur Mac Léon.

Pour une majorité, les éloges maniques étaient forcés ; il y avait même, ici et là, des murmures jaloux dans le dos du jeune Léopold. Qu’à cela ne tienne, Valerion était satisfait d’apparaître comme dithyrambique des instruits et ferrés de culture, quand bien même il se fichait éperdument du savoir des autres.

-Pour rebondir sur ce qu’a apporté votre camarade en termes d’informations, le deuxième type évoqué ne nous concerne sous aucun prétexte. En vérité, c’est le caractère instable et « électron libre » des entités d’autres mondes qui peut nous causer des ennuis, et nous ne nous risquerons pas à faire appel à elles. Concentrez-vous, je vais vous faire une petite démonstration.

Levant très légèrement les bras vers l’avant, il ouvrit ses mains en face des apprenants. Une légère lueur bleutée s’échappa de ses paumes alors que l’air autour de lui ne se mit à chauffer. La candeur au bout de ses doigts semblait frénétique dans sa métamorphose, mais elle finit par révéler un objet long, marron et tangible.

-Je veux vous voir créer, grâce à votre propre énergie, un objet de votre choix. Bonne chance.
Ysia Laydon
Dangshuan
Dangshuan
Ysia Laydon
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Sans_t10
CITATION : “La culpabilité et le péché ne sont que peurs du passé.”
De Stanislaw Jerzy Lec
2020-11-27, 22:25


Présence teintée d'obligation ||  Valerion Illu_e10

J’opinais de cette manière à la fois brève et prononcé en même temps, jetant de brefs coups d’œil à ceux qui semblaient s’amuser de la situation. Depuis combien de temps n’avais-je pas mis un orteil dans une salle d’enseignement, longtemps, trop longtemps et pas suffisamment long à la fois. Je n’avais jamais été une très grande adepte de l’apprentissage, malgré quelques facilités de mémorisation notables qui m’ont sorti plus d’une fois de certaines situations délicates. De ce fait, je n’étais pas très à l’aise, d’une part parce que j’étais dans un lieu inconnu, d’autre part parce que jamais je n’aurais du me trouver là et en prime, j’allais assister à un cours particulier avec des étudiants en manque de maturité et un… intervenant qui semblait vouloir faire main mise sur l’ensemble à l’aide d’une sévérité sans précédent. Laissant un soupir fuir mes lèvres, je me tortillais légèrement sur mon siège, tâchant de trouver une position plus ou moins confortable, plus ou moins agréable. Il avait accepté mon offre, dégageait cette aura quelque peu doucereuse, celle dont j’avais toujours tendance de me méfier. J’avais rapidement appris à intégrer que l’eau qui dort d’eau était souvent la plus redoutable, j’en savais quelque chose. Suivant des yeux le moindre des mouvements de celui qui laissait sa voix porter et résonner dans le moindre recoin de la salle, je tâchais de faire silence, non sans triturer du bout des doigts les quelques morceaux de tissus de ma robe bleutée aux manches longues recouvrant la totalité de mes bras -et donc de mes écailles-. Le cours avait finalement pu débuter, non sans un dernier rappel à l’ordre de celui aux oreilles particulières longues.

Les lèvres pincées, le regard rivé sur le bureau -parce qu’il fallait bien fixer quelque chose pour paraitre attentive-, j’écoutais les quelques affirmations de présences de ceux dont le nom se faisait entendre. Une dizaine d’élèves donc, c’est plus que le nombre de personnes qui passeraient la porte de la salle de permanence, j’en étais convaincue. Que faisais-je donc ici. C’est sans doute durant cette réalité amère que le souvenir de cet idiot d’apothicaire avait refait surface et le doute s’était presque immédiatement installée en mon for intérieur. Cet elfe, n’allait tout de même pas enseigner les dernières méthodes à la pointe pour disséquer ? Il n’allait pas sortir de son chapeau qu’il n’avait d’ailleurs pas, une sirène pour l’ouvrir vivante. Non ? Incapable de conserver ce doute pour moi, j’avais immédiatement interrogé l’enseignant sur la question, me perdant dans un phrasé sans doute peu approprié et soupirant de soulagement à la réponse.

- « Une approche holistique » répétais-je un soupçon dubitative « Pour de l’invocation ? » enchainais-je en laissant mes doigts effleurer mon front « J’ai hâte de voir ça. » Concluais-je les yeux un peu plus brillants.

J’avais senti mes sourcils se froncer au rythme que mes yeux s’écarquiller et qu’un fou rire manquait de me gagner. J’avais la sensation de ne rien comprendre, et sans doute, n’était-ce pas seulement une sensation. Demander l’autorisation ? Bien sûr ! Je regardais la table qui se trouvait juste devant moi et je m’imaginais lui demander la permission afin qu’elle se déplace ici et là.. C’était ridicule et sans doute était-ce à cause de cette même pensée que j’étais bien incapable de réaliser toute forme de magie, en dehors de la présence d’un liquide aqueux.  La finalité de l’apprentissage me tira bien évidemment un sourire bruyant, alors que je me réinstalle davantage sur la chaise, mon dos appuyant plus que de raison contre le dossier, de cette manière un brin contrarié. Voilà, on y revenait toujours : l’art de la guerre et de la taille de celui qui aura la plus grosse pour pouvoir se défendre ou attaquer. Plutôt attaquer évidemment. C’était idiot.
Préférant garder silence, tout en continuant à tortiller le bas de ma robe se trouvant au milieu de mes cuisses, je me mordillais l’intérieur de la joue avec davantage de force alors qu’un jeune homme répondait justement à son enseignant. Deux forces donc, sa propre force et celle divine. J’ai dû manquer de m’étouffer avec ma propre salive. Plutôt mourir vingt-cinq fois que d’envisager faire appel à une force soit divine, un restant des dieux flottants ici et là, des créateurs qui ont saccagé notre monde, MON royaume que je n’ai même pas connu pour une nouvelle fois une histoire de concours de taille. Gonflant légèrement les joues pour retenir un énième soupir, je tâchais une nouvelle fois, de me faire discrète. Aucun applaudissement venant de ma part et j’avais même du mal à réaliser qu’on en soit arrivé à ce stade pour une simple petite réponse. La prochaine fois il danserait sur la table dès qu’un élève réussir son évocation en parlant à une chaise ? L’idée n’était en tout cas, pas si déplaisante que ça.

Le professeur se sentit par la suite, sans doute obligé de faire une démonstration, se concentrant pour faire apparaitre dans le creux de sa main une petite boule d’énergie qui frémissait sous le mouvement de ses doigts. Quelques « oh » surpris s’était rependu dans la salle alors que je m’étais légèrement redressé pour voir de quoi il s’agit. Un objet marron visiblement, long…  Mhhh

- «  Une cuillère » laissais-je échapper « Oh non je sais, je sais ! Une branche, c’est une branche, mais attention le branches de l’extérieur et de la nature sont plus belles que ça… » ce n’était pas une branche ? « Une canne ? C’pour supporter vos vieux os ? » non plus visiblement… « Là vraiment… je ne vois pas, sans doute suis-je trop loin pour ça… Et puis finalement, je ne préfère pas savoir ! »

Un petit sourire sur les lèvres en coin et sans doute que tout le sérieux de son cours s’était légèrement dispersé, je n’y étais bien évidemment pour rien. Secouant doucement la tête, et sentant peut-être un regard un peu plus inquisiteur, je levais légèrement les mains en signe d’innocence alors que la plupart des élèves déjà tâchaient de s’appliquer dans la réalisation de leur œuvre… la plupart sans le moindre succès. Je me demandais si tout individu était en mesure de faire cet acte, sans doute avec ce doute au fond des yeux je regardais la paume de mes mains. Me relevant, je rejoignais cet enseignant, laissant mes doigts effleurer la tenue de ma robe pour défaire les quelques plis qui s’étaient formés.

- « Dites-moi » soufflais-je en arrivant à sa hauteur, tâchant de dresser un sourire sur mes lèvres « Vous pensez que n’importe qui peut parvenir à faire ceci ? On vous estimez que chaque personne peut avoir une spécificité magique ? »

Une fois à sa hauteur, je m’immobilise, laisse mon regard balayer la salle, avise les étudiants qui s’agitent, la difficulté semble beaucoup plus important que ce qu’il laisse paraitre et sans plus d’indication je doute très franchement d’une quelconque réussite.

- « Comment peut-on réellement solliciter sa propre énergie ? » l’interrogeais-je un peu plus fortement pour être entendu par l’ensemble qui semble soudainement intéressé par notre discussion.

La discussion avait attiré quelques regards et oreilles, alors qu’une jeune femme, d’une chevelure blonde couleur des blés venant d’éclore venait de réussir… Ou tout du moins penser avoir réussi, une petite boule d’énergie s’échappa de sa paume et souhaitant la montrer vivement à son camarade lui lança, cette dernière aussi minuscule soit-elle alla s’impacter tout droit sur le front de son acolyte, qui dans un élan de crainte hurla et chuta en arrière emportant bon nombre de chaises. Sursautant, j’avisais l’ensemble dubitativement, y compris la propre petite étincelle d’énergie venue de je ne sais où qui s’était trouvé dans les mains de celui venant de chuter, qui s’était fait emporter pour venir déstabiliser l’énergie des autres… Un vrai bazar était en train de s’installer et le sérieux se teintait d’amusement… Du moins jusqu’à la première du nom voit une tâche colorée s’installait sur son front suite à la répercussion de sa propre énergie… Était-ce normal…  

- « J’ose espérer que tous vos… enseignements ne se déroulent pas ainsi » soufflais-je dubitativement en avisant celle qui commençait à paniquer « je crois que vous avez encore du travail… »

Valerion Victorius
Dangshuan
Dangshuan
Valerion Victorius
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Wmh3
CITATION : L'habit ne fait pas le moine.
2020-11-29, 14:18
Voici une bonne chose de faite : les apprenants désireux d’ascension intellectuelle ou de reconnaissance avaient en perspective la manifestation d’un objet de leur choix sous la directive du responsable et respecté instituteur. C’était le cas pour une bonne partie d’entre eux, tout du moins, car au fond de la salle extériorisaient leur amusement nombres d’écoliers, presque sous la tutelle de leur seigneur lige de bêtises et de calambours qui ne manqua pas de faire une remarque déplacée sur l’âge de l’enseignant. Valerion préférait voir le verre à moitié plein, car il aurait été impossible de sanctionner quiconque sans renvoyer l’intrusive et enfantine instigatrice de tout ce chaos, ce qui aurait pu mener – dans l’éventualité d’un égo démesuré mais fragile en sa possession – à moult intrigues et complications qui opposeraient sa parole à la sienne, sans compter le fait qu’il signifierait faire table-rase de ses volontés manipulatrices, que leur carotte au bout du bâton soit matérielle ou intellectuelle. Ainsi opta-t-il pour un classique regard noir ; ses paupières légèrement cernées s’ouvraient sur des yeux la fixant durant un très long moment ; de leur côté, ses sourcils froncés laissaient apparaître de nouvelles rides sur son visage aux traits déjà bien assez durs. Une petite dizaine de secondes avaient suffi pour lui faire lever les mains en signe d’excuse ; c’était la manière dont il interprétait les choses, en tout cas, et il espérait ne pas se tromper en pensant que le cours pouvait enfin reprendre sa tournure sérieuse une fois l’agitation audacieuse dissipée.

L’accalmie dés lors instaurée, il put enfin faire entendre sa voix en cette pièce sacralisant jusque-là l’indécence et l’irrespect éhonté. D’un ton haussé de sorte à éclipser même les murmures des fortes têtes, il aiguilla l’espace d’un instant ses disciples dans ce qu’ils se devaient de réaliser : c’était une simple formalité, il ne faisait nul doute que chacun ici avait un minimum d’expertise dans le domaine qu’il enseignait, ou du moins il l’espérait.

-Si votre création vous fait particulièrement de l’œil, n’hésitez pas à venir me la montrer.

Avec une douceur caractéristique – et bien que l’éventualité d’un sol en bois s’écroulant sous l’effet du poids de Valerion n’était pas envisageable merci à sa carrure relativement svelte – se dirigea-t-il vers son bureau se situant de l’autre côté de l’estrade sur laquelle il se tenait, avant de s’assoir sur la chaise lui faisant désormais face. Les minutes défilaient, mais il était naturel de leur accorder du temps : l’art des arcanes était un long procédé nécessiteux.

Valerion, en l’attente  des travaux de ses élèves, eut pleinement le temps de réfléchir un petit peu. Son regard vide était absorbé par la fenêtre, ou du moins ce qui se situait derrière : les vitres teintées d’une buée hivernale donnaient sur un espace originellement recouvert de verdure mais qui se voilait d’un blanc pur. Les retardataires, les enseignants, les parents d’élèves et les modestes travailleurs se protégeaient tant bien que mal de cette neige agressive, un châle et un bonnet pour messieurs et mesdames les fanfarons, et une vitesse fuyarde pour les plus démunis. Piteux et dépité étaient les derniers sous le regard de l’elfe souriant davantage par satisfaction d’être au chaud que par moquerie, car de leur sort, en vérité, se fichait-il éperdument. Dans la salle d’à côté, à quelques dizaines de mètres de la classe, se trouvait une cheminée, il s’en était assuré lorsqu’il entendit les bruits du bois crépitant et en sentant la très légère odeur de brûlé qui se propageait à travers la pièce.

Sa distraction vint à échéance lorsque le premier apprenti invocateur prit au pied de la lettre ce qu’avait suggéré le professeur un instant plus tôt : ils étaient trois apprenants en quête de reconnaissance à venir le consulter, ne lui demandant certainement pas audience pour parfaire leurs créations, mais bien dans l’espoir d’être réconfortés sur leur talent.

Le premier fut un jeune homme de longue taille, vêtu d’un veston marron et de bottes noires qui amena avec lui un verre. C’était un objet classique et aux contours relativement bien taillés.

-C’est bien proportionné, vous pourriez presque boire dedans, même si je ne le recommande pas.

-Merci, monsieur Victorius !

Le deuxième portait une robe parcourue de motifs et tenue par une ceinture noire. Il avait de longs cheveux, une barbe de trois jours et tenait dans sa main une demi-dizaine de pièces d’or.

-C’est une reproduction intéressante des pièces de monnaie, l’on y croirait presque.

-Je vous remercie pour votre avis, monsieur. Est-ce qu’un vendeur pourrait penser que c’est de l’or véritable ?

Un grand sourire se dessina sur le visage de Valerion alors qu’il comprit où voulait en venir l’élève. Un instituteur avec un tant soit peu de moral aurait recadré le jeune homme, d’autant qu’il était impossible qu’un commerçant qualifié se fasse berner par de fausses pièces, mais il voulait entendre dans les tavernes qu’un invocateur stupide s’est fait enfermé pour trafique d’argent, ça ferait une petite anecdote.

-Qui ne tente rien n’a rien, à ce qu’on dit !

Regagnant sa place, non sans une moue satisfaite, il laissa l’estrade à une jeune femme un tantinet enrobée et à la taille très acceptable pour la gente féminine : à vue de nez, elle était un tout petit peu plus grande que le professeur. L’ouverture de la paume de sa main laissait apercevoir un petit médaillon argenté suspendu au-dessus du vide et tenu entre son index et son pouce.

-Humm, laissa-t-il s’échapper, faisant penser à une déception de sa part ; en vérité, il se rendit simplement compte que ces étudiants n’étaient pas aussi incompétents qu’il ne le pensait.  Vous avez non seulement reproduit les traits exacts d’un pendentif, mais en plus celui que vous venez de créer est, à mon humble avis, plutôt joli.

C’est avec les joues quelque-peu rougies qu’elle lui répondit.

-Merci, ça me touche beaucoup. J’ai fait égaré le médaillon familial dans la pinède autour de Liberty et j’espère que mes parents me pardonneront si je leur montre ma bonne foi avec celui-ci . . .

« Bonté divine, va-t-il falloir que je me montre compatissant ? C’est bien ma veine » pensa-t-il.

-Il avait une énorme valeur car c’est mon grand-père qui  nous l’a légué juste avant sa mort, poursuivit-elle,  les yeux larmoyants. Enfin bref, je m’excuse de vous avoir embêté avec ça.

« Soyez-le ! Cette idiote ne sait pas à quelle point il peut devenir usant de donner son attention à quelque-chose qui ne le mérite pas. »

-Je suis vraiment désolé d’entendre ça, j’espère que votre famille saura vous pardonner. De mon côté, je traverse régulièrement les bois, je vous préviendrai si je trouve un médaillon en argent, soyez-en sûre.

Le remerciant, un sourire candide aux lèvres, elle partit rejoindre sa place.

C’est l’arrivée inattendue du docteur qui a quelque peu troublé  Valerion : elle n’était pas sensée effectuer l’exercice, d’ailleurs, elle ne s’en était pas donné la peine, se contentant d’assommer le chercheur sous un flot de questions.

-D’aucun ont des penchants pour des formes de magie diverses et variées, mais j’estime que les universitaires qui ont choisi la branche de l’invocation doivent avoir un minimum d’expérience dans ce domaine.

Il prit une grande inspiration, écoutant attentivement la deuxième question avant d’y répondre.

-C’est une question intéressante que vous me posez. En fait, l’on peut faire appel à ses propres ressources magiques en tentant de créer une connexion avec ces dernières. Pour les mages les plus qualifiés, ce n’est qu’une formalité, mais pour ceux qui débutent il faut un certain temps de méditation avant de pouvoir maitriser l’art des arcanes.

Alors qu’il comptait poursuivre dans ses explications, un désastre se produit : il n’eut même pas le temps de comprendre les tenants et les aboutissants du massacre que plusieurs chaises gisaient déjà par terre. Valerion cacha un instant ses yeux avec la paume de sa main : pourquoi avait-il accepté de prendre en charge les étudiants de première année ?

-Monsieur, s’exclama-t-il d’un ton ferme, veuillez remettre les chaises à leur place immédiatement. Si vous voulez faire le pitre, je vous invite à sortir. Ce n’est ni le moment ni le lieu pour faire vos blagues de mauvais goût, et je ne veux rien entendre !

C’était avec l’intime conviction que personne ne pouvait être aussi couard qu’il exprima ces ordres. Après la longue minute d’attente pendant laquelle le jeune homme s’attela à la tâche, il poursuivit.

-Bien, le cours est terminé. Merci pour votre présence et bonne journée !

Alors que les étudiants se scindaient en groupe et se mettaient à se balader entre les couloirs, Valerion ne put s’empêcher d’émettre un grand soupir juste avant la remarque – dans cette situation, plutôt pertinente – du médecin.

-En vérité, c’est mon premier cours, et je dois admettre que j’aurais espéré plus de dignité de la part de mes apprenants, vous excuserez le caractère élitiste de mes propos, répondit-il avec un sourire forcé et camouflant son dépit. D’ailleurs, je n’ai même pas eu le temps de me présenter : je pense que vous serez d’accord pour dire qu’entre collègues de travail la moindre des choses serait de connaître nos noms ; je suis Valerion Victorius.
Ysia Laydon
Dangshuan
Dangshuan
Ysia Laydon
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Sans_t10
CITATION : “La culpabilité et le péché ne sont que peurs du passé.”
De Stanislaw Jerzy Lec
2020-11-29, 21:00


Présence teintée d'obligation ||  Valerion Illu_e10

Des apprenants semblaient s’en sortir, d’autres beaucoup moins. Quelques-uns étaient parvenus à faire des formes, des objets, des réalisations, venant montrer l’ensemble à celui qui tenait sa classe d’une main plutôt ferme -trop sans doute à mon goût-. Un verre, un bijou, des pièces, je trouvais l’imagination de l’ensemble plutôt intéressant et l’enseignant semblait me rejoindre… Du moins en partie, jusqu’à ce que je sente mes sourcils se froncer un infime instant, jusqu’à ce que je réalise que celui qui aurait dû s’offusquer de la demande son étudiant vis-à-vis de l’argent et qui au lieu de ça, préférez laisser entendre la possibilité que sa magouille fonctionne. Juste avant de rejoindre celui qui occupait la place du professeur dans la salle et de l’assagir d’une pluie de question aussi froide et plaisante qu’un orage. J’avais attrapé le bras de celui s’éloignant heureux, satisfait des futurs achats qu’il allait pouvoir réaliser avec cette arnaque fraichement imaginée.

- «  Ne faites pas ça » soufflais-je en relâchant mes doigts  «Les commerçants ne sont pas idiots, vous allez ternir votre image et celle de l’institut » il me dévisagea longuement, jugeant mes propos « Vous ne pourrez plus apprendre ici par la suite, c’est ça que vous voulez, vraiment ? »
- « C’est bon, c’est bon, j’le ferais pas » pesta-t-il en s’éloignant en bougonnant.

Je m’étais immobilisée, l’avisant disparaitre au milieu des autres élèves s’exerçant encore sans doute avec moins de facilité que lui. J’avais cette sensation étrange qui étreignait ma gorge, cette incompréhension devant celui qui était là pour le mettre en garde et qui ne l’avait pas fait. J’ignorais pourquoi, je ne comprenais pas et dans le fond je n’étais pas certaine d’avoir véritablement envie de savoir. Glissant une main derrière ma nuque, j’étais venue l’effleurer du bout des doigts, sans doute pour illustrer mon incompréhension ou au minimum le malaise qui s’imprégnait de mon être alors que ma présence dans ce cours me semblait de moins en moins… justifiée. L’explication, ou plutôt l’exercice avait néanmoins fait émerger un besoin de questions que j’avais rapidement formulé en me rapprochant de cet elfe qui s’était perdu en contemplation derrière le paysage qu’offrait la fenêtre bien fermée. Le début du printemps  était toujours particulier, la fraicheur de l’hiver était encore présente, quelques flocons osaient encore venir se poser ici et là… Chacun venait encore s’enrouler dans des tissus épais, ce qui était plus ou moins mon cas. Je n’aimais pas la fraicheur, loin de là, alors j’admettais avoir hâte de voir l’hiver quitter définitivement les lieux. Non loin de lui, j’écoutais les réponses premières, celle qu’il formulait et que je m’appliquais à tenter de retenir, de comprendre, d’analyser.

- «  Alors c’est un choix » répondis-je en écho plus pour moi-même que pour lui « Je pensais que c’était plus l’affinité avec la magie et la proportion de cette dernière à se développer »

Finalement, je découvre qu’on peut choisir. Je n’ai jamais choisi de mon côté, tout tourne autour de mon élément et dans un sens, je trouve cela plus naturel, j’imagine qu’il me serait plus complexe d’envisager maîtriser une tout autre forme. J’ai senti une nouvelle fois mes sourcils se froncer, un instant, un infime instant alors que mes lèvres se pincent dans cette habitude devenue plus que quotidienne. Je l’ai vu prendre une grande inspiration, comme pour se donner du courage pour me répondre, ou tout du moins obtenir suffisamment d’air pour aller au bout de sa pensée. Je l’écoute, attentivement, réellement pour une fois, cette idée de méditation m’intrigue réellement, sans doute est-ce ainsi que je devrais procéder moi aussi ? L’idée s’installe et je me promets d’essayer plus tard, non sans jamais abandonner des yeux la paume de mes mains. La tentation est réelle, bien trop pour que je résiste à cette idée de m’y essayer. Mon attention est néanmoins détournée par deux jeunes qui semblent en difficulté dont un qui s’est retrouvé sur le sol, au milieu des chaises… Aucune aide de la part de l’elfe, bien au contraire, des reproches, une mise en garde. J’ai senti mon corps se pencher vers l’avant jusqu’à ce que je fasse un pas vers lui. Lui semble encore un peu sous le choc, déstabilisé, nerveux, il ramasse l’ensemble d’une main tremblante.

- « Est-ce que ça… » débutais-je avant de me faire couper par l’élan de l’enseignant qui annonçait la fin du cours, cela aurait dû me soulager, mais il n’en fut rien.

Celui qui était responsable du dernier brouhaha prit la fuite avec sa collègue au front marqué, des petits groupes se formèrent pour échanger, mais la plupart quittèrent promptement la salle. Je fis silence, toujours sans le moindre mouvement, je ne savais plus si je devais m’éloigner, partir, attendre une parole de celui qui semblait avoir un caractère affirmé. Qui sait, peut-être que personne ne remarquerait l’absence de médecin en ce jour, non ? Je roulais des épaules pour moi-même avant de me rapprocher de celui qui reprenait la parole, admettant avoir réalisé son tout premier cours. Tout s’explique. Joignant les mains devant moi, avant de croiser l’ensemble offrant un côté fermé à la conversation que je n’ai pourtant pas vraiment.

- «  Ce n’est rien… » fis-je en ne sachant plus vraiment si je m’étais présenté moi-même « je ne l’ai pas fait non plus, il me semble. Ysia, Ysia Laydon » fis-je en tendant une main vers lui « Alors c’était votre premier cours, je comprends mieux… Et n’était-ce pas là tout le plaisir d’enseigner de se retrouver face à la fougue de la jeunesse ? » je m’étais mise à rire doucement, secouant la tête « Je n’ai pas trouvé ça si catastrophique, vous avez même quelques jeunes plutôt douées, il me semble… » je laisse mes doigts s’enfoncer légèrement dans mes avant-bras, un brin contrariés par l’état que je ne comprends pas « Celui avec les pièces, le verre ou encore le médaillon, il avait l’air de lui tenir à cœur non ? »

Je soulève une nouvelle fois les épaules, secouant la tête avant d’indiquer la porte et l’abandonnant pour rassembler mes affaires.

- « Oserais-je encore abuser de votre temps, j’admets n’avoir pas été une assistante remarquable, mais peut-être consentirez-vous à m’amener à la salle de permanence ? Qui sait peut-être qu’une file d’attente imposante s’est formée » plaisantais-je en amenant mon sac contre ma poitrine « Promis après je vous libère de ma désagréable présence » encore une fois, je tentais l’humour, même si dans le fond j’avais dû mal à le définir « Pourquoi l’enseignement alors ? Vous aviez un besoin de transmettre votre savoir ? Pour le prestige d’enseigner dans une telle institution ? Ou pour une autre raison ? »

J’avais abandonné la salle pour m’approcher de la porte, passant le seuil de cette dernière pour arriver dans le couloir large et haut de plafond. J’étais surprise de voir encore le nombre de personnes s’agglutinant ici et là, entrant dans d’autres salles, d’autres lieux, discutant et riant … La plupart étaient des humains, la plupart oui. J’avais senti un étrange frisson remonter le long de mon dos, avant que je ne me reconcentre pleinement sur celui qui m’accompagnait et aller sans doute m’indiquer la direction à suivre.

- «  Vous-même avez appris ici ou pas du tout ? »

Valerion Victorius
Dangshuan
Dangshuan
Valerion Victorius
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Wmh3
CITATION : L'habit ne fait pas le moine.
2020-12-01, 17:15
Il le savait, le chercheur à la chevelure satinée d’or et aux atours à la texture céleste : le médecin avait tout vu, tout entendu, contemplant de longues secondes durant la scène qui s’offrait à elle. Ses yeux figés et ses sourcils froncés donnaient à son visage une expression dubitative, voire inquiète ; il pouvait lire sur elle comme dans un livre ouvert, et à aucun moment ça n’aurait dû être réciproque. L’ironie du sort n’avait pas échappé à cette grande pièce, celui qui se devait d’être le porte-étendard d’innombrables et sans bavures valeurs morales instiguait au sein de son territoire tromperies et mensonges, car c’est ce qu’il maitrisait le mieux ; du moins, jusqu’à aujourd’hui. Son masque était tombé le temps de quelques mots, le caméléon mutait au gré de ce que ses semblables phylogéniques attendaient de lui sans la moindre once de conviction, mais l’instant d’une parole, sa vraie couleur avait pris la lumière, et elle était de très loin la plus laide.

Ce qui suivit était d’un prévisible ennuyeux : le sermon de la rouquine était accompagné d’un ton à l’impérieux parfait. Sa voix était claire, forte et sans une bafouille alors que son interlocuteur ne répondait avec un mélange de honte et de concession. Comment diable un homme peut-il tomber aussi bas, se demanda Valerion ; l’on aurait juré voir un conscrit sur le point de se faire gifler par son supérieur. Malgré tout, le plus déroutant restait l’interventionnisme de la jeune demoiselle ; quelle était cette force qui la poussait à agir contre ce qui allait à contre-courant des principes ayant régi les fondamentaux de ces terres ? L’elfe avait, toute sa vie durant, étudié et analysé en profondeur les comportements humains ;  et dans ses observations, il était parvenu à décrire un mécanisme programmé : les anthropomorphes voient leurs semblables comme un miroir d’eux même à un point tel qu’en attaquer un signifie en attaquer l’autre malgré l’absence totale de liens entre les individus. C’était un automatisme qu’il parvenait à mimer avec plus-ou-moins de succès,  mais il ne pouvait s’empêcher de trouver risibles et puérils celles et ceux dont la vie était déterminée par ces valeurs presque congénitales de dithyrambe de l’autre et de sacrifice, car la sienne était dictée par l’amour propre et l’intérêt personnel.

Peu importait à ce moment-là car il était très imprudent d’avoir laissé la rousse y voir plus clair dans son jeu. Il aurait dû, en toutes circonstances, apparaître comme un modèle à suivre qui s’intéressait au sort des autres, tâche à laquelle il avait failli en pensant que sa discussion avec l’escroc passerait soit sous le radar soit pour une boutade. Il était désormais de son devoir de rentrer dans les bonnes grâces d’Ysia Laydon, comme elle disait se nommer : se faire un ennemi n’est jamais une bonne chose, et c’est d’autant plus vrai lorsque l’hypothétique opposant en question est un collègue.

-Et bien je suis enchanté de faire votre connaissance, dame Laydon, répondit-il avec un très léger sourire.

Elle compatissait en affirmant tout-de-même que les joies d’exercer une telle profession étaient d’être confronté à la jovialité juvénile.

-En fait, ce n’est pas réellement mon premier cours, j’ai longtemps travaillé à l’école du prestige en tant que professeur d’histoire. La différence étant qu’ici, le côté pratique peut amener à des calamités, et j’ai tendance à être las du manque de sérieux, même si ce ne sont pas les jeunes qui devraient en faire les frais. Je vais essayer, à partir de maintenant, de montrer la meilleure facette de moi-même.

Après avoir fait les éloges de certains disciples, elle poursuivit en ciblant désormais trois individus très spécifiques : il était temps de faire passer son irresponsabilité pour une plaisanterie.

-Il est vrai que ces trois élèves n’ont pas démérité dans leurs créations. Celle qui a perdu son médaillon m’a particulièrement touché, semer la rancœur dans sa famille contre son propre gré est quelque-chose que je ne souhaite à personne. De son côté, le garçon aux pièces d’or m’a particulièrement fait rire ; je sais apprécier quand un élève anime le cours avec humour.

Pouvait-elle réellement réfuter une hypothétique confusion ? Valerion ayant l’habitude de manipuler les situations à son avantage, ce fut un jeu d’enfant de lui mentir en la regardant droit dans les yeux. Après cela lui demanda-t-elle d’un air plaisantin si cela le dérangeait de l’emmener à la salle de permanence.

-Avec plaisir !

Alors qu’ils étaient à deux pas des couloirs, elle poursuivit son interrogatoire, Valerion savait où elle voulait en venir et comment tirer son épingle du jeu. Une réponse sincère aurait impliqué de faire référence à une félicité économique qu’il n’était pas le seul à vouloir atteindre, bien que le choix de la carrière dans la magie était lié à sa passion pour cette dernière depuis sa plus tendre enfance. Déjà bambin, l’elfe espionnait son père lors de ses lancers de sortilèges et se demandait inlassablement : quelle limite y avait-il aux pouvoirs arcaniques ? Il était temps de faire appel à la compassion de la jeune femme ; il savait les gens si faibles d’esprit.

-Au-delà du fait que la magie soit, à mon humble avis, le sujet le plus passionnant à étudier, c’est véritablement mon père qui m’a poussé dans cette voie. J’aurais aimé être un simple écrivain solitaire, mais quelques jours avant sa mort, je l’ai entendu discuter avec ma mère, affirmant qu’il rêvait que son fils devienne un jour un grand professeur comme lui. Il ne se passe pas une nuit sans que je n’entende ces mots résonner dans ma tête. Je le concède, je n’ai pas été la personne la plus pieuse, mais j’espère qu’il est fier de moi dans l’au-delà.

L’amour paternel et la volonté de rendre ses géniteurs satisfaits, n’étaient-ce pas là des choses auxquelles toute personne normalement constituée était sensible ? Dans tous les cas, le duo s’avançait dans les couloirs grouillant d’étudiants ; il devenait de plus en plus ardu de lire les inscriptions au-dessus de chaque porte et qui correspondaient à leurs fonctions au sein de l’institut. En plus de cela, son attention fut retenue par l’énième prise de parole d’Ysia Laydon.

-Non, même si j’aurais apprécié que ce soit le cas. Avant la grande guerre, l’université magique n’existait pas ; en fait, la ville même de Liberty n’était pas un concept. Quand mes parents sont morts, j’ai été trop occupé par le fait de me créer une base financière en tant que professeur d’histoire pour suivre des cours en parallèle, et en toute honnêteté, l’apprentissage au côté de mon père m’a suffit amplement.

Ses yeux scrutaient les alentours, et à défaut d’avoir trouvé l’aiguille dans la botte de foin, il entendit quelques mots qui l’ont attiré vers un lieu très précis :

-Bonjour,  bienvenue dans la salle de permanence, s’exclamait une jeune dame brune à un écolier.

-C’est notre jour de chance, dame Laydon, s’exclama Valerion en soufflant du nez. Pour tout vous dire, je n’étais pas sûr de me rappeler d’où se trouvait la salle de permanence !
Ysia Laydon
Dangshuan
Dangshuan
Ysia Laydon
Présence teintée d'obligation ||  Valerion Sans_t10
CITATION : “La culpabilité et le péché ne sont que peurs du passé.”
De Stanislaw Jerzy Lec
2020-12-01, 21:52


Présence teintée d'obligation ||  Valerion Illu_e10


- « De même » soufflais-je simplement du bout des lèvres, certaine de bientôt retrouver le lieu où je devrais déjà me trouver.

La conversation se perdit l’espace d’un instant dans la comparaison, dans le plaisir d’enseigner, dans l’écoute attentive, un échange, bref, furtif alors que les étudiants quittaient doucement la salle. Le cours prenait fin, sans que je n’aie réellement pu comprendre les tenants et aboutissements de l’ensemble. Je n’avais pas visualisé parfaitement l’ensemble, je n’étais pas certaine non plus de comprendre le fonctionnement de cette institution, je savais, bien évidemment que tout le monde ne venait pas ici par hasard, il y avait une sélection. Sans doute ne pourrais-je aucunement moi-même y rentrer autrement que pour proposer des soins, une présence médicale, une simple permanence. Dans le fond, je crois que cela ne m’intéressait pas réellement non plus. Glissant une main dernière ma nuque, je frottais l’ensemble avec lenteur, dans une gêne étrange dont je ne parvenais pas pleinement à déterminer l’origine.

- «  Cela n’existe pas, la meilleure facette » soufflais-je au fil de ma réflexion « Personne n’est parfaitement bon ou parfaitement mauvais » concluais-je en roulant des épaules « Alors vous avez toujours enseigné, je ne vois pas quelqu’un de las pour exercer ce métier » tentais-je de plaisanter « Je ne suis pas certaine d’avoir une patience suffisamment affutée pour partager le moindre savoir et entre nous, j’étais une très mauvaise élève » coulant un regard vers les derniers quittant la salle je ne pus qu’ajouter « Et puis ceux-là on l’air plutôt doués non ? »

La conversation avait ensuite naturellement dérivé vers les trois élèves un peu plus doués que les autres. Je n’avais pas pu m’empêcher de les remarquer, ou bien était-ce simplement parce que hormis attendre que l’elfe termine son occupation, donc d’échanger avec eux, je n’avais pas eu grand-chose d’autre à faire. J’aurais pu bien évidemment m’entrainer moi aussi, mais je doutais avoir la moindre compétence en magie. Hormis mon lien particulier avec l’eau bien évidemment. Je m’étais mise à rire une nouvelle fois, avant de laisser mes épaules se soulever puis retomber. Un large sourire sur les lèvres je secouais simplement la tête.

- «  Ah ça » fis-je un peu hésitante sans me défaire de l’étirement de mes lèvres « De l’humour et de l’imagination certains en ont plus que de raison » concluais-je simplement sans davantage rebondir ou réagir, l’histoire était derrière moi et aucun doute que d’ici quelques heures je ne me souviendrais que rarement des détails de ce cours.

Tout en parcourant les couloirs, c’était à mon tour de faire silence, de m’y appliquer en tout cas, alors que mon interlocuteur principal m’expliquait la raison de ce choix de profession sans jamais me retourner ma question. Ainsi il faisait ça pour suivre les traces de son défunt père, dans le fond, cela n’aurait dû aucunement me surprendre. C’était très humain comme parcourt et j’en venais à m’interroger sur les origines de celui qui acceptait de dialoguer en ma compagnie. Était-il un elfe pur, était-il un demi-elfe… Il parlait du passé comme s’il l’avait vécu, il parlait d’une connaissance qui lui était proche, les elfes avaient une longévité beaucoup plus importante que celle des humains, était-ce alors un signe ?

- «  C’est une belle preuve d’amour, je suppose, que de suivre les envies de sa famille et de son père, vous deviez être proche » fis-je simplement tâchant d’éloigner les questions et ma propre comparaison, dans le fond, aujourd’hui, je ne suis plus certaine d’avoir cette affinité à encourager à rester proche de sa famille, cette dernière peut détruire, je n’en disais rien « Votre mère doit être fière de vous aujourd’hui. »

L’idée même de l’imaginer si vieux me tira un sourire, je m’étais mise à rire sans pour autant avoir l’intention de me moquer loin de là. Pour autant, je n’avais pas pu m’empêcher de lui jeter une œillade amusée par la situation. J’opinais en signe d’attention, d’écoute, même si je devais faire preuve de davantage de concentration pour percevoir les paroles qu’il prononçait dans le brouhaha environnant.

- « Vous ne faites nullement votre âge » fis-je finalement « La Grande Guerre est bien loin, peu peuvent se vanter de la connaitre ou de l’avoir connu, il me semble. » tentais-je sans doute un peu maladroite « Je serais curieuse d’entendre votre connaissance sur ce temps ancien et votre avis sur la question » fis-je en espérant en apprendre sans doute plus que ce que je connaissais, voir pourquoi à dériver lentement vers la citée sous-marine et désormais perdue.

Malheureusement ou heureusement, je ne parvenais pas pleinement à le définir, nous étions arrivées finalement à destination. M’immobilisant, j’avisais simplement la salle et la brune qui annonçait à un étudiant où il se trouvait. L’elfe m’indiquait que nous avions trouvé finalement.

- «  Je suis chanceuse alors, vous semblez parfaitement à l’aise dans cet environnement » murmurais-je en le dévisageant et piétinant sur place « Bien, je suppose alors que c’est maintenant que nos chemins se séparent ? »

Je lui offre sourire, vient lui tendre une nouvelle fois ma main dans cette hésitation somme toute passagère :

- «  Merci pour votre aide, à charge de revanche, je suppose. Je ne vais pas vous retenir pour la suite de votre journée et de votre premier jour d’enseignement ici, si j’ai bien compris ? » un sourire encore « Si vous avez besoin d’un soin un jour… Merci, encore en tout cas, à la prochaine, je suppose »

J’ai attendu qu’il confirme, simplement, pour me détourner pour rejoindre celle qui avait indiqué ou confirmé l’endroit au jeune. Je lui avais quémandé une nouvelle confirmation avant de me laisser entrainer pour m’installer définitivement… Oh que la journée s’annonçait longue.

[Merci pour ce RP !!  cheers ]

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