La tribu du Grand Silice avait rejoint la périphérie de Liberty pour cette fête, un quartier normalement pas habité qui servait pour les fêtes. Le clan avait loué la plupart des auberges du coin et pouvaient le temps d'une semaine dormir dans de vrais lits, et manger à leur faim le temps que les chefs s'organisent sur leurs prochains objectifs. La jeune femme avait guetté l'entrée pour savoir si son ami Brom allait venir, et était impatiente de le revoir après cette semaine qui a paru si longue, sans qu'elle puisse montrer son impatience de peur de se trahir.

Tout le monde était sur le pied de guerre, en train d'organiser les évenements cet après-midi-là. Signe s'était occupée avec Bjorg et d'autres de ses hommes de mettre en place l'arène où allaient combattre les nouveaux pour prouver leur motivation au clan.

Un bar (plusieurs, même) avait été monté et la bière commençait déjà à couler à flots, ce qui était nécessaire pour accompagner une journée de travail au soleil. Valor, le père de Bjorg, se frotta sa barbe rousse avant de les rejoindre.

- Ca roule, la jeunesse ?

- Ca bosse pas dur, lâcha Signe.

- Ca irait plus vite si tu les aidais tu crois pas ?

Elle prit ça comme un affront. Elle sourit et dit :

- Si vous avez besoin d'aide, demandez à votre supérieure hiérarchique.

Bjorg, occupé à monter des planches, agenouillé, lui lâcha un :

- Ha-ha, très drôle.

Une voix glaciale fusa et fit trembler la jeune femme. Sa mère, Sigrún, en tenue civile c'est-à-dire sans son armure, marcha d'un pas rapide. Elle avait l'air agacée, elle prit la jeune femme à parti et lui dit :

- Quel exemple tu leur montres ? Un chef ne doit pas simplement donner des ordres, il doit donner l'exemple. Si je te reprends à lambiner tu vas voir, Signe. Maintenant file, je t'ai à l'oeil, jeune fille.

Par-dessus son épaule, la jeune femme put voir Valor et son père qui se foutaient de sa gueule. Elle revint et, posant ses mains sur ses genoux pour se mettre à la hauteur des hommes à terre qui installaient l'arène et les cordes.

- Bon... comment je vous aide ?

- Et si tu allais nous chercher des bières ?

- Je vais faire ça.

Elle était plus ou moins satisfaite de cette situation. Au moins elle n'aurait pas à se salir les mains. Elle alla chercher des bières pour tous ses hommes et jeta un oeil à l'entrée du périmètre délimitant l'enceinte de la fête. Quelques têtes inconnues venaient et discutaient avec les gardes à l'entrée, qui les emmenèrent dans l'auberge où se trouvait Hakim, le fils du forgeron, qui s'occupait des entretiens préliminaires pour les recrutements.

D'autres civils, des femmes, des hommes, n'étaient pas venus pour se battre mais simplement pour profiter de joustes, des festivités, pour parier, ou juste pour boire et bien manger.

Venn, le charcutier et boucher du village avait soigneusement préparé une série de sangliers que Signe et quelques uns de ses hommes avaient chassé la veille. Il y avait de quoi nourrir un village, ce qui était tout à fait le concept.

Les sangliers tournaient sur la broche, et quelques hommes se relayaient le pénible travail de tourner ça toute la journée, sous l'oeil attentif de Venn et des cuisiniers qui préparaient de quoi accompagner ça dans une cuisine aménagée non loin. L'odeur délicieuse enfumait le quartier et faisait venir toutes sortes de personnes qui se voyaient remballées car la bouffe ne serait prête que le soir. Mais à toutes les tables tournaient vinasses, bières, fromages et charcuteries, avec le pain qui va avec.

Quant au père de Signe, il était retranché dans l'auberge avec sa garde rapprochée, à une table non loin de celle de Hakim, le flis du forgeron, qui lui permettait d'avoir un visuel sur ce qu'il faisait. Il se voulait discret pour observer les candidats et déjà réfléchir à qui pourrait être pris ou non. Il partageait une bonne bouteille avec ses alliés.

Signe revint avec un plat sur lequel tenaient les bières et marcha en direction de ses camarades, leur donnant leur bière. Elle vit arriver, enfin Brom. Pour ne pas sourire, elle détourna le regard et aida aux travaux manuels. Celui-ci fut éconduit dans la taverne où se trouvait Hakim, le fils du forgeorn. Elle espérait qu'il ne foire pas le plan.

Celui-ci raconta son histoire à Hakim, le fils du forgeron qui l'écouta attentivement. Il rit quand il parla de lits séparés.

- Vous avez dormi ensemble dans des lits séparés ? Intéressant à savoir.

Il fit un geste en direction du mec à sa droite.

- C'est un rigolo, je l'aime bien. Signe m'a raconté votre histoire, tu t'es bien occupé d'elle. Tu lui as même guéri ses... sur les bras-là, les griffes de chimère. Elle t'en est reconnaissante, et moi aussi. Tu m'as l'air d'être quelqu'un de fiable, et je te remercierais surement pas assez d'avoir aidé Signe à cette mission... et avoir pris soin d'elle. Je dois même m'excuser d'avoir mal jugé la situation face à la gamine, là. Je suis le mage en maître du groupe de Signe et je n'ai pas su reconnaître une invocation aussi nulle. C'est de l'amateurisme, de la bêtise. Je ne te promets rien, mais avoir un mage de plus dans notre équipe pourrait être une force, alors je soutiendrai ta candidature.

Hakim, le fils du forgeron se leva et fit signe à Brom de le suivre.

- Je pense qu'on a le dernier candidat, si y en a d'autres vous m'appelez. Viens boire une bière, Brom.

Ils sortirent de l'auberge et se dirigèrent vers l'arène qui était bientôt finie de monter. Signe était en train de pester contre Bjorg qui avait mal installé des trucs, elle fut assez satisfaite cependant de voir Brom bien s'entendre avec lui. En passant devant Signe, il dit :

- Signe, regarde qui voilà.

Celle-ci semblant affairée, tourna la tête vers Brom et haussa les sourcils.

- Oh, bonjour. J'ai pas le temps maintenant, repassez plus tard.

Hakim, le fils du forgeron haussa les épaules et fit signe à Brom de venir.

- Pas très commode celle-là quand elle veut.

Il l'emmena dans un coin et lui paya une bière, avant de s'accouder au bar.

- Tu la trouves comment ?

Il rit.

- Je la trouve pas très reconnaissante envers ceux qui l'aident, comme si tout lui était acquis. Bon, quelques astuces pour ce soir. C'est un combat à mains nues, les combattants sont sélectionnés au hasard, souvent en prend un nouveau contre un membre de la tribu. Pas besoin de gagner ou de perdre pour être recruté, juste que t'as envie. Mais je te conseille quand même de cacher des plaques de métal dans des gants, c'est comme ça qu'on gagne depuis que je m'en souvienne, en général.

D'autres membres de la tribu coachaient d'autres nouveaux à quelques coins de la zone.

- Je vais parier sur toi, ce soir, tu vas voir.

Il rit, sifflotant sa bière, avant de proposer un cigare à Brom. Certains se préparaient à monter sur le ring.

- La magie est interdite. Enfin, si tu transformes le type en face en cendre, on va bien trouver une solution. Les originaux ont toujours leur place au sein du Grand Silice.

Il donna un cigare à Brom, jusqu'à ce que finalement Valor fasse l'appel :

- Oyez, oyez ! La grande cérémonie d'introduction du Grand Silice est ouverte ! Je suis Valor, bras droit du chef du Grand Silice. Chef qui se trouve... quelque part dans la foule. Il vous juge dans l'ombre.

Il eut un rire rauque, auxquels répondirent ses guerriers, avant de continure :

- Pour commencer à mettre l'appétit, en même temps que l'apéro gracieusement... mis à disposition par notre clan et les producteurs du coin, contre monnaie bien évidemment.... soit servi, nous allons lancer quelques combats histoire de chauffer l'atmosphère ! Voici donc nos nouveaux candidats, j'ai nommé :

Il lut quelques feuilles qu'un guerrier lui donna avant de dire :

- Nos premiers candidats vont vous offrir un délicieux combat à main nues ! Pas de tricherie, pas de sorts, pas de coups bas, que le meilleur fasse saigner l'autre ! Et ces candidats sont...

Il montra du doigt un point de la feuille à Bjorg en lui chuchottan :

- C'est écrit quoi là ?

- Bobu.

- Ah, Bobu....

Avant d'hausser la voix :

- BOBU et le vieux Rickard !

Rickard, un vieillard tout sénile avec une canne monta (avec de l'aide) sur l'arène, pendant que Bobu, un homme assez fort et grand entra également. Valor rit avant de lancer à Signe qui se tenait non loin de lui :

- Signe tu sais ce que tu pourrais faire ? Avoir un panneau avec les scores et tu irais genre sur le ring pour mont-
- Non.
- D'accord.

Ce fit rire les autres guerriers. Signe reconnut Rickard, c'était un vieux chasseur qui aimait radoter qu'elle aviat rencontré bien plus tôt dans sa vie. Elle fut contente de le voir là, mais moyennement contente de le voir se faire rétamer car le pauvre tenait pas bien sur ses béquilles.

Il commença à se battre contre le gros Bobu, lui mettant des claques, ce qui fit remuer son tas de graisse. C'était un spectacle pitoyable à voir, mais le vieux semblait agile pour son âge et esquivait toutes les claques d'ours du gros. Déséquilibré, le gros tomba, et fut harcelé de coups par le vieux jusqu'au KO déclaré par l'arbitre.

Hakim, le fils du forgeron, éclipsé un instant revint avec des plaques de métal et du bandage.

Valor, hilare, déclara :

- Victoire au vieux Rickard, j'imagine ! Qu'on lui paie sa tournée pendant que j'annonce les prochains combattants...

Il fit un signe à son fils Bjorg pou se moquer :

- Tu combattras le vieux pour les deuxièmes round, ce sera un adversaire à ta taille...

Avant de lever la voix :

- Leon le chasseur solitaire... c'est vraiment son nom ? M'enfin, bref. Et Brom ! En joue les gens !

Leon le chasseur solitaire, d'un pas agile sauta sur l'arène. Grand et très fin, il se mit en position de garde avant de narguer son combattant :

- Viens te frotter à Leon le lion !

Le coeur de la jeune Valkyrie se mit à battre, et, prétendant discuter avec Venn qui s'était joint, garda un oeil sur son protégé. Elle espérait qu'il allait s'en sortir.

Brom avait réussi à combattre assez aisément ce qui avait étonné la foule qui l'acclamait comme il se doit. Alors qu'il se pavanait sur le ring, Signe glissa quelques PO à Hakim, le fils du forgeron, satisfait de lui et de son pari.

- Tu devrais faire plus confiance ma chère en tes camarades, j'aime pas te prendre ton argent comme ça.
- Remballe, remballe !

Hakim le fils du forgeron, servit à boire au lycan avant de le féliciter pour ce combat. Signe profita qu'il arrive pour partir à son tour. Les combats se poursuivaient sur l'arène, et Signe rejoint une auberge alentours pour rencontrer Venn pour voir comment se déroulait la cuisson des sangliers.

- Tu tombes à pic Signe, y a ton oiseau qui rôde autour des sangliers et... je perds un temps fou à la chasser, fais quelque chose.

Signe repéra O'Malley assise sur un banc qui fixait Venn avec un grand sourire. Elle rit et vint s'asseoir vers elle.

- Eh bien, tu m'as l'air en forme aujourd'hui.

O'Malley lui sourit en retour.

- J'aime bien la fête, et l'odeur c'est enivrant.

- Laisse les sangliers tranquille, s'il doit te pourchasser il risque de rater la cuisson et ce sera de ta faute.

- Mais j'ai faiiiim !

- Y a de quoi manger sur les tables là-bas.

- Mais je veux garder de la place pour le sanglier.

- Tu te facilites pas la vie.

- Et non !

- Comment ça va, sinon ?

O'Malley semblait plus en forme qu'il y avait quelques temps, quand elle fut  recueillie. Elle avait encore quelques bandages et du fil de suture sur le visage, mais il semblerait qu'elle soit en voie de rétablissement. Elle gardait une marque blanche quelque peu lumineuse sur le cou, qui était de toute façon cachée par ses vêtements très amples pour cacher ses blessures.

- Ca va. Je fais avec. Je me complais dans ma situation d'esclave perpétuelle.

Signe, en se relevant lui chuchotta :

- Désolée pour ça, je t'ai promis que je t'affranchirai dès qu'ils estimeront que tu as payé ta dette... je fais ça pour te protéger.

Elle fit la moue.

- Je sais bien.

- Tu viens voir les combats ? Y a les deuxièmes round, je vais surement briser des crânes.

- Non... j'aime pas les combats entre les gens dans des arènes. Et y a trop de monde, j'ai peur, je vais surveiller le sanglier.

- Oh. D'accord. C'est vrai. Sois gentille avec Venn.

- Mais il me fait peur aussi !

- Hum... si tu t'attaques pas aux sangliers il va rien faire.

- Pffff !

Signe se leva au moment où les combats étaient finis et Valor annonça le prochain round :

- Oyez, oyez mes amis ! Ces combats nous ont mis l'eau à la bouche, alors maintenant les vainqueurs de ces combats vont pouvoir... montrer qu'ils sont à la hauteur des hommes du Grand Silice ! Comme premier candidat nous avons le loup malin, celui qui a fait des miracles, et il combattra contre...

Hakim, le fils du forgeron lui souffla quelque chose dans l'oreille.

- Signe, notre majestueuse petite grande Valkyrie. Je veux voir le sang couler !

La jeune femme faillit s'étouffer avec sa bière. Elle ne s'y attendait pas. Hakim, le fils du forgeron lui souffla :

- Réduis-le en bouillie ! Mais avant, on parie ?

- Je parie sur moi, je vais lui faire sauter la tête tu vas voir.

Elle ne voulait pas combattre, mais elle ne voulait pas mettre en péril son plan qui était bien plus important. Elle espérait que Brom la pardonne pour le manque de complicité avec lequel elle comptait combattre. Mais elle faisait ça pour eux tous.

Elle grimpa sur l'arène, vit tous ses visages la regarder ce qui la mit mal à l'aise, et se mit en joue.

- Je vais pas te faire de cadeaux, le loup...

Signe avait fui l'arène alors qu'ils avaient largué le béhémoth récemment capturé sur lui. Et il l'avait vaincu. Elle aurait tant voulu l'aider, mais il fallait qu'il prouve sa valeur une fois pour toutes, et il l'avait fait. Elle était soulagée.

Son père vint la voir assez vite après ça, pendant que Hakim aidait le loup à descendre.

- Ils ont attaqué plus haut que prévu. Je pense que le béhémoth venait d'eux.

- J'imagine bien.

- Nos gardes ont vu la charette avec la cage qui contenait le Béhémot à la sortie de la ville, il faut que tu le rattrape et que tu questionnes le coupable. On doit surveiller ici, car on sait qu'ils sont dans la foule et qu'ils attendent que ça de contre-attaquer. Comme prévu.

- Ils ont vu la charette et l'ont laissé larguer la bête dans la ville ?

- Il y avait une couverture dessus ? J'en sais rien, Signe. Prends quelques hommes avec toi, nous on surveille ici. Il faut le rattraper. Il ira pas bien vite avec sa charrette dans tous les cas, mais ne perdez pas de temps.

- Compris...

Signe héla Hakim, le fils du forgeron qui discutait avec Brom.

- Vous deux, avec moi. Pour faire court, on a une bande d'assassins parmi nous, dont un qui a pris la fuite. Il nous les faut tous, notamment celui qui s'est barré avec sa charrette, qui a largué la bête sur nous. Si on arrive à le choper avant que les autres attaquent, on pourra les identifier et y aura pas de morts.

- Sérieux ? Ils sont là, maintenant ? demanda étonné Hakim, le fils du forgeron.

- C'est ce qu'on m'a dit. On avait prévu de tous les éliminer pendant la fête, mais si on ne parvient pas à les identifier à temps on aura des blessés. Le mec est en cavale, si on le chope, on aura des noms et ça sera réglé. C'est notre meilleure chance.

- Parfait, je file chercher mes affaires.

- Fais ça vite. Brom, avec moi.

Signe lui fit signe de venir pendant que Hakim, le fils du forgeron filait en direction d'une maison non loin. Elle expliqua la situation.

- Fallait qu'un minimum de gens le sache, mais nos espions ont relevé qu'une bande d'assassins, probablement du Reike, avait prévu d'assassiner mon père ce soir, probablement après le repas. C'est pourquoi il se cachait dans la foule. Mais il y avait des éléments de leur plan que visiblement on n'avait pas prévu, et le béhémoth en était un...

Elle entra dans le bâtiment qui contenait les équipements. C'était une armurerie aménagée pour l'occasion qui contenait quelques équipements.

- Pourquoi y a personne qui garde à l'entrée ? Putain...

Un garde était en train de ranger les couteaux. Elle leva la voix :

- Hey, tu nous as entendu rentrer ?

Il sursauta, fit tomber quelques couteaux sur le sol :

- Hein, non... ?!

- Du coup, tu estimes que ton travail a été fait correctement ?

- Mais, je, personne voulait ranger les cout-

- Oui, ou non ?

Il se tut.

- Dehors, maintenant, au prochain abandon de poste c'est le correctionnel.

- Oui chef, désolé, chef.

Il se barra dehors, laissant uniquement le silence.

- Bon, ton matériel, maintenant.

Elle le guida vers une petite salle qui contenait toutes sortes d'affaires et se plaint encore.

- Ils ont tout déballé pour aucune raison puisqu'on doit tout remballer demain, c'est un travail d'amateur.

La Valkyrie guetta ensuite, constata qu'il n'y avait personne, et, prenant Brom par la taille lui roula une pelle fougueuse, fermant les yeux et y mettant beaucoup de passion. Elle le serra fort, frottant son corps contre lui et caressant ce qu'il y avait à caresser par-dessus le pantalon. Brom put sentir sa respiration s'accélérer jusqu'à ce qu'elle le relâche, se calme, et d'un moment à l'autre fit comme si de rien n'était passé.

Elle se retourna ensuite, sortit un écrin d'une étagère et la lui tendit.

- Là c'est ton couteau multi-fonctions de chasse, fabriqué par le père d'Hakim, le fils du forgeron. Tout le monde en a un. Bienvenue dans la tribu, cher. Pour les détails et la cérémonie ça attendra un autre jour, par contre, on a une mission. Avec moi.

Elle sortit de la maison et rejoint Hakim, le fils du forgeron qui se dirigeait vers la périphérie. En sortant, elle passa devant Venn qui pleurait avec ses sangliers à moitié mangés par le Béhémoth, pendant que O'Malley commençait à se servir... jusqu'à ce qu'un regard froid de Signe la fit reposer ce qu'elle avait dans les mains.

Le clan s'affairait à réparer les dégâts, pendant que d'autres continuaient de boire en profitant du chaos. Les gardes de sa mère avaient l'affaire bien en main.

Signe chevaucha avec Hakim, le fils du forgeron. Celui-ci lança à Brom :

- Prend une monture parmi celles-là et au galop.

Signe partit devant, suivant les traces de la calèche. Celui-ci avait une vingtaine de minutes d'avance, mais vu la taille de la cage son cheval allait très vite fatiguer, et il continuerait à pieds. Signe et ses talents de pisteuse n'auront aucun mal à le traquer.

La piste se dérobait dans la forêt, Signe menait la danse jusqu'à finalement voir la charette arrêtée, et l'assassin en question qui tentait de détacher un cheval pour fuir plus vite. Mais la cage et la carcasse ramassée l'avait trop ralenti. Signe lui coupa la route pendant que  Hakim, le fils du forgeron l'aida à l'encercler.

« Mais qu'est-ce que tu fabriques, avec la putain de dépouille du monstre que je viens de découper?! Est-ce que cela fait sens pour quelqu'un ? Quoi qu'il en soit mon gaillard, il me semble que tu es en état d'arrestation. » annonça fièrement Brom, ce qui manqua de faire hurler de rire Signe, qui se retint et s'étouffa presque dans son bras.

Elle descendit de sa monture, et Hakim, le fils du forgeron, fit voleter des pierres de lave autour de lui qui avaient pour effet de bien effrayer l'assassin.

Signe marcha en sa direction, il leva les mains et hurla :

- Laissez-moi, je vais vous tu-

Elle lui mit un gros coup de poing sur le nez, ce qui le lui brisa d'un coup, et il tomba. Hakim, le fils du forgeron pendant qu'il s'étouffait dans son sang, l'attacha à un arbre. Signe mit genoux à terre devant lui et lui dit calmement :

- On est au courant à propos des assassins. Tu as 5 minutes pour nous dire qui, et on te laisse partir.

- Oh, et si vous allez crever plus tôt ?

- Bon...

Elle tourna la tête vers Hakim, le fils du forgeron. Il haussa les épaules :

- Tu veux quelque chose ?

- Tu sais quoi sur lui ? demanda Signe. Celui-ci s'adressa au mec attaché :

- Pedro, c'est ton petit nom ?

- ... non... ?

Il se frigorifia. Tout juste.

- Tu as une soeur qui vit à Kyouji. Elle a quel âge... 14 ans ? Et ta mère... ?

- Je vais tout vous dire, mais ne leur faites pas de mal.

- Voilà... ! Là on parle.

- Merci. dit Signe.

Celle-ci appréciait l'efficacité des espions de la tribu, et l'exhaustivité de leurs informations. Tant de temps gagné grâce à leur travail de pro.

- On a deux groupes... attendez, fouillez dans la sacoche du cheval, on a les plans écrits...

Hakim, le fils du forgeron s'en occupa :

- Eh ben putain, j'aurais jamais pensé que ça allait être aussi facile.

- Y a tout ?

- Les noms, le plan d'action... et une carte détaillée de toutes nos installations.

- Comment ça ?

- Seul ton père avait la carte complète des installations du campement, c'est lui qui a transmis les ordres spécifiquement aux autres chefs pour qu'ils puissent installer chacun la partie du campement qu'on leur a attribué, mais uniquement celle-ci on est d'accord ?

- Oui.

- Mais ils n'avaient pas accès au plan complet, uniquement lui, tu suis ?

- Oui, comme toujours. Pour éviter qu'une seule personne, hormis lui, sache où se trouve chaque cache confidentielle et puisse organiser une rebellion, c'est ainsi la coutume.

- J'ai sous la main une copie du plan complet.

- Fais voir ?

Elle lut la carte. En effet, tout y était, le plan complet, chaque cache, et surtout un plan d'attaque détaillé préparé plusieurs jours à l'avance.

- On a un espion qui a su lui voler la carte et la recopier ?

- Je pense.

- Merde... bon, round 2, pour ce petit con, je présume.

Elle saisit l'assassin par le col et lui dit calmement :

- Tu sors d'où cette carte ?

Il flippa.

- J'en sais rien, je le jure.

- Qui, te l'a donné ?

- Ben, la chef... ?

- C'est qui, putain ?

- C'est écrit sur la feuille, je sais rien de plus !

Elle lut la feuille.

- Brünhilde, c'est votre chef ?

- Oui, c'est elle qui nous a donné l'plan, j'vous jure m'dame... !

- On a pas de femme qui puisse avoir eu accès à cette carte, vous aviez un espion parmi nous et tu vas me faire un plaisir de décliner son identité sinon tu vas pisser du sang...

- J'en sais rien, putain !

Il se mit à pleurer comme un bébé.

- Bon, ça va chier.

Elle s'aprocha de sa monture et sortit une tige en fer qui avait en son bout un symbole métallique. Elle le brandit devant lui et lui dit calmement mais froidement :

- Tu sais ce que c'est ça ?

- C'est pour marquer les esclaves, je sais, putain, je connais le fonctionnement de ces tribus, moi aussi... !

- Pas loin. Ce dont tu parles, c'est quand on fait une marque sur l'omoplate, mais quand on en fait 100, tu sais comment on appelle ça ? Une mise à mort. Pour tout dire, une damnation et une expédition rapide dans les affres les plus profonds de la tourmente et de la souffrance.

Il ne put se retenir et s'effondra, gémissant et hurlant :

- Je vous jure que je sais rien bordel, tuez moi tout ce que vous voulez je ne sais rien !

- Oui, tout à fait. Hakim, le fils du forgeron, tu vas me faire le plaisir de chauffer ça.

- Signe...

- Obéis.

- Je... on devrait pas plutôt retourner en ville ? On tirera rien de mieux de celui-là, on doit choper les assassins avant qu'ils butent les villageois.

- Oh que si... j'en tirerai quelque chose, du plais...

Son regard croisa celui de Brom. Elle ferma les yeux, prit une longue inspiration. Le silence. Il fallait qu'elle se calme. Brom avait confiance en elle, et elle ne voulait pas lui faire peur, ou le décevoir. Ah comment elle aurait envie de se défouler ? Mais il y avait deux personnes près d'elle qui la tiraient hors du précipice de la mort et de la violence gratuite. Elle les sentait tirer sur elle de toutes ses forces pour qu'elle sorte la tête des abysses et puisse respirer de nouveau.

- Très bien. On va laisser dame nature et ses loups affamés s'occuper de son cas, j'imagine.

Elle monta sur sa monture, rangeant son fer, et avant de partir au galop annonça aux autres :

- Pas une minute à perdre. On a 6 hommes à neutraliser avant qu'ils commencent à attaquer et il nous reste plus de temps. A l'assaut.

Elle chevaucha et disparut rapidement au loin.

Hakim, le fils du forgeron, prit une grande respiration et s'appuya sur ses genoux, soulagé d'avoir réussi à désamorçer la situation.

- Bon... je vais la suivre avant qu'elle fasse d'autres conneries. Tu peux libérer ce type ou juste l'abattre ou le laisser là, c'est pas mon problème. Rejoins-nous en suite. Désolé pour ce triste spectacle, elle est tendue en ce moment...

Il suivit rapidement la jeune femme au galop.

Alors que la nuit tombait, les trois cavaliers rentrèrent en ville. Après le chaos, l'accalmie. Les gens avaient déjà commencé à manger ce qu'il restait de sanglier alors qu'une spectacle avec des saltimbanques cracheurs de feu avaient commencé un théâtre qui captait toute l'attention. Signe descendit de sa monture et suivie des deux autres, dit à Hakim, le fils du forgeron :

- Tu vas rejoindre Bjorg et le prévenir pour le 2ème groupe qui va lancer une attaque plus tard dans la soirée. Brom et moi on s'occupe des deux assassins dans la foule.

- Compris.

Il partit. Signe soupira.

- C'est fatigant ce petit jeu, désolée de t'infliger ça. Bon, on doit chasser deux elfes. Il y en a pas beaucoup dans la foule. Y en a un vieux, et un qui est une femme. Essaie de regarde si tu vois pas des elfes qui se comportent bizarrement. Si tu en vois un, tu lui demandes de venir calmement, on l'attire dans un coin et on avise ensuite. Je ne veux pas de combat ouvert pour gâcher ce spectacle ridicule de mecs qui bouffent de l'huile de lanterne.

Signe se faufila ensuite subrepticement dans la foule, mais après quelques pas elle chuchotta à Brom :

- Les elfes c'est les grands avec les grandes oreilles.

Elle se fondit ensuite dans la foule. Elle pensait trouver le premier assassin non loin du poste de garde qui était un endroit stratégique, et elle le trouva rapidement. Il la reconnut, et il comprit également qu'elle connaissait son plan. Il fit mine de pas la voir, et, passant discrètement à côté d'elle, il sortit un surin qu'il, très doucement, tenta de planter avec violence dans la jugulaire de Signe. Celle-ci chopa son poignet et le lui tordit, avant de le faire trébucher sur le sol et le désarmant. Il ne dit pas un mot.

Signe rassura les spectateurs alentours d'un :

- Il est juste bourré, ne vous en faites pas, profitez du spectacle.

Le vieil elfe tentait, tout aussi bien qu'elle, de ne pas se faire remarquer. En l'aidant à se relever, elle prit soin de lui planter la dague entre deux côtes. Il lâcha un gémissement. Elle le tint par l'épaule et l'aida à avancer vers un bâtiment.

- Je t'emmène à l'infirmerie. Ca va bien se passer.
- Pitié...

Un garde ouvrit la porte de la maison et Signe disparut à l'intérieur. Lorsqu'elle sortit, sans le vieillard, elle se mit rapidement en quête de Brom.

Il avait raison, le loup garou a eu un succès retentissant. Celui-ci lui signala qu'il allait se baigner. Elle sourit et lui répondit :

- Très bien, prends ta soirée, tu l'as méritée, moi je vais rester ici. C'est où ton lac ? Pour une fois.

Elle lui fit un clin d'oeil. L'information obtenue, elle retourna à ses affaires. Les survivants avaient été emmenés on ne sait où. Ce n'était plus du ressort de Signe. Hakim, le fils du forgeron lui demanda :

- Du coup, on fait quoi maintenant ?

- Allons manger.

- Il est parti, Brom ?

- J'imagine.

Signe se posa à une table avec Hakim, le fils du forgeron, et Bjorg, qui revenait de l'endroit d'où se trouvait le vieillard et d'autres survivants, et il vint s'asseoir lourdement à côté de Signe et de son compère.

- Sacrée soirée, hein. J'ai entendu parler du nouveau, il est où ?

- Il est parti se reposer.

- Il est des nôtres, non ? Tu aurais pu lui dire de rester. J'aurais bien voulu le rencontrer.

- On aura l'occasion, surement demain.

Ils furent servis de sanglier grillé. O'Malley vint les rejoindre et s'assied à côté d'elle, elle semblait bouder. Signe soupira avant de lui demander :

- Tu es pas contente O'Malley ?

- Je voulais plus de sanglier ! Ils m'ont donné que cette petite assiette.

- Eh bien, tu finis ton assiette et si tu as encore fin tu demandes à te resservir.

- Mouais... pas convaincue. Je peux aller caresser le loup, après ?

Signe fronça les sourcils, Hakim, le fils du forgeron éclata de rire.

- Il faudrait que tu lui demandes, je pense.

- Trop cool ! Il est parti où ?

- Je sais pas trop.

- Pfffffffff...

Bjorg reprit plus sérieusement, dès qu'il eut fini de mâcher :

- Du coup, il va rejoindre notre troupe de choc ?

- Pas la moindre idée, faudra en discuter avec les chefs. C'est un guérisseur, on en aurait bien besoin au campement.

Hakim, le fils du forgeron annonça :

- On a besoin de guérisseur dans notre troupe, vu que l'autre est mort. Il pourrait nous rejoindre. Il sait se défendre, il sait soigner, je pense qu'il a rien à faire ailleurs qu'avec nous.

- J'imagine que si tu défends ça bien, ils diront rien et ça se sera fait. Comme vous pensez, je m'en fous.

- Ainsi soit-il, alors, annonça O'Malley, ravie de savoir qu'elle pourrait caresser le loup-garou. S'il se laissait faire. La soirée se poursuivit, et Signe, prise de fatigue rejoint sa chambre dans une auberge pour se reposer. La fête continuant de battre son plein dehors, elle ne put s'endormir et descendit les escaliers. Hakim, le fils du forgeron était en train de picoler seul en bas.


- Oh, tu dors pas ?

- Trop de bruit. Je deviens trop vieille pour ces trucs-là, je sais pas comment font les autres.

Il rit.

- Je me disais pareil. Je pense je vais bouger ailleurs à Dangshuan, dans un quartier plus calme ou juste installer ma tente quelque part.

L'idée lui parut bien.

- Moi, je vais installer ma tente quelque part.

- D'un autre côté, on a pas toujours l'occasion de dormir dans un bon lit. Mais la nuit est belle et honnêtement, une nuit à la belle étoile. Rah... je sais pas.

- Tu trouveras. Je suis trop crevée pour réfléchir, alors je vais juste... me jeter dans un coin un peu frais et dormir.

- Bonne nuit, du coup.

- C'est ça.

Elle sortit de l'auberge et marcha paisiblement. C'était plus calme qu'avant, mais il y avait tout de même des gens qui chanteaient et hurlaient comme des possédés. Un nain hurlait qu'il était un corbeau et courait partout en slip, pendant que ses amis l'encourageaient... pire encore, sa mère, les ailes brandies, ses boucles blondes au vent, le poing en l'air. Bien émêchée, elle rejoint sa fille.

- Signeeeeee ! Tu veux jouer au lancer de nain avec nous ?

La Valkyrie ferma les yeux.

- Non, je vais aller passer la nuit dehors, vous faites trop de grabuge. Je me lève, demain.

- Sérieusement ? Tu devrais décompresser un peu, y a pas que le travail dans la vie. Si tu voyais ta tête, tu fais peine à voir...

- C'est toi qui fait peine à voir, non ? Je suis sobre, moi.

Sa mère posa ses mains sur ses épaules (elle devait lever un peu les bras car elle était plus petite que sa fille), et lui dit :

- Tu sais. Les Valkyries, ça ne vieillit pas. Mais le poids des âges se fait ressentir quand même, énormément sur le mental, et ça se traduit sur nos visages. Pas de rides, mais le regard, la tension sur tes muscles faciaux, tu vois ce que je veux dire ?

Signe plissa les yeux :

- Je maudis le jour où les gens en nous voyant penseront que tu es ma mère, tu comprends ? Alors viens t'amuser un peu.

La grande Valkyrie eut un rictus.

- C'est pas près d'arriver. Je dors la nuit, et je bois moins que toi.

- Fais attention à toi. Les ombres guettent. Bonne nuit, Signe.

- Bonne nuit.

- Au fait, à propos du loup, il rejoindra ton équipe, y a l'air d'avoir une bonne synergie entre vous tous. Tu nous le butes pas, cette fois, hein ? On a confiance en toi.

Cette conversation l'énerva au plus au point mais la dernière phrase mit du baume au coeur. Elle acquiesça et partit. Quittant la ville en baissant les yeux pour ne pas recroiser quelqu'un, bien qu'elle put voir son père et d'autres guerriers faire des combats à mains nues amicaux dans un coin... quel spectacle désastreux. Elle n'était pas dans l'esprit. A la périphérie de la ville, elle chevaucha dans la nuit pour rejoindre l'endroit décrit par Brom. Qui était celui où ils étaient allés la dernière fois. En effet. Elle avait oublié que c'était aussi près. Les temps étaient mouvementés.

Elle pensait que cela allait être difficile à gérer, mais en vrai ils s'en battaient fortement les couilles de ce qu'elle faisait. C'était une opportunité à saisir. L'endroit était difficile à trouver naturellement, et il contenait Brom. Tout ce qu'elle appréciait. Elle descendit de son cheval et le vit au sein de la grotte où se trouvait le lac.

- Ah, tu es là. Tu te dérobes à mes ordres. J'ai pas annoncé quartier libre, à ce que je sache.

Elle fouilla dans sa sacoche et sortit des morceaux de sanglier qu'elle avait gardé avec du vin, et le lui donna :

- C'est froid, je te préviens. Dernière fois que je te ramène tes rations si tu les oublies, c'est compris ? ... c'est pas bien de pas manger le soir. Tu rejoindras mon équipe. Pour tout dire, je m'y attendais pas, mais tu es sous mes ordres maintenant. On sera ensemble. Ce sera bien car je pourrai te surveiller, mais le contre-coup est qu'on doit redoubler de prudence, pour le moment.

La Valkyrie commença à se dévêtir.

- Et du coup, ton travail est de t'assurer que je vous mène à la victoire. Et je peux pas le faire avec ces douleurs musculaires. Alors, masse-moi.

C'était un peu trop sec. Elle ajouta, d'une voix plus douce :

- S'il te plaît ?