La chasse d'Azzanoth avait conduit Ioann à l'ouest de Dangshuan, suffisamment loin de chez lui pour qu'il fasse une halte dans la ville la plus proche afin de s'y ravitailler. En tant qu'Ombre, autant dire qu'il n'avait pas besoin de grand-chose pour continuer sa route : juste une bonne réserve d'eau, la nourriture était clairement dispensable. Liberty fut son choix pour faire le plein, bien qu'un problème de taille se présenta très rapidement à lui : il n'avait pas un sou sur sa personne. Il n'avait pas prévu un seul instant que sa traque le mène si loin, si bien qu'il était parti les poches vides. Il ne pouvait même pas espérer toucher une quelconque prime pour s'être défait de la créature puisqu'il s'agissait d'une quête totalement personnelle, sans le moindre commanditaire pour prendre en charge ses frais et rétribuer ses efforts.

Heureusement, quoique ce fut étonnant aussi, sa réputation l'avait précédé. En effet, après quelques heures passées dans la capitale, un homme qui se prétendait être un conseiller de Dangshuan vint l'aborder. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour rendre Ioann sceptique, il avait du mal à croire qu'il puisse être connu dans une nation qui n'était même pas la sienne. Il y mettait même les pieds pour la première fois depuis son existence à vrai dire. L'individu dut sentir son hésitation, à moins que son éternel air détaché le fasse paraître peu réceptif, car il se justifia très vite sur ses sources. Elles restaient possibles et réalistes, justifiant que l'Ombre lui accorde le bénéfice du doute. Le conseiller aurait eu vent de son enquête suite aux nombreuses personnes interrogées en chemin, la traque qu'il avait effectuée s'avérant être un phénomène plus général que tout le monde avait eu sur les lèvres pendant quelques temps. Il était alors apparu comme un détective fiable et efficace auprès de la populace locale, sa réussite dans l'éradication d'un des fragments d'Azzanoth en attestant. Il aurait rapidement été surnommé comme l'enquêteur au loup et à la corneille, deux animaux qui l'accompagnaient constamment et qui le rendaient reconnaissable.

Et c'était justement de ça dont il avait besoin, un enquêteur. Le conseiller craignait l'existence d'un traître dans la capitale et avait besoin de l'oeil de quelqu'un d'extérieur à tout ça. Autrement dit ni quelqu'un de Dangshuan, mais ni d’Azshary ou du Pays de l'Or, les deux nations qu'il soupçonnait d'être derrière tout ça. Espionnage oblige, cette requête se devait d'être le plus discrète possible également. La présence d'un détective de Shoumei fut donc une aubaine pour cet homme, qu'il ne perdit pas un instant à saisir dès qu'il eut appris sa venue à Liberty. Et puisque Ioann avait justement besoin d'argent pour se ravitailler, pourquoi refuser une telle offre ? Tant qu'il n'avait pas à agir contre sa propre nation, il n'y voyait aucun inconvénient.

Pour débuter son enquête, l'Ombre choisit de suivre une piste encore fraîche et fumante : un incendie qui venait à peine d'être maîtrisé et dont son client supposait qu'il ait un lien avec leur espion. Il n’y avait rien de tel qu’un évènement très récent pour trouver plein de pistes. Il lui apprit également qu'un homme y était encore interrogé mais qu'il n'était pas suspect. Au contraire, son implication pour éteindre les flammes le plaçait dans les témoins dignes de confiance auxquels Ioann pouvait soi-disant se confier quant à son enquête si cela lui permettait d'avancer. Ca ne le dérangeait pas d'être accompagné, tant que le concerné n’interférait pas dans son travail. Ce fut donc avec sa corneille volant au-dessus de lui et son loup marchant à ses côtés que le Volk se dirigea vers le quartier noble de Liberty en quête d'un dénommé Léon et d'une ruine encore fumante.

La ruine fumante fut relativement facile à trouver. Avant même d'entrer dans le quartier noble, Ioann aperçut la fumée qui le guiderait jusqu'à sa destination. Il n'avait plus qu'à la suivre en gardant un oeil dessus tandis qu'il progressait dans les rues de la ville. Après quelques minutes de marche, il arriva finalement en vue de la cible. La demeure tenait encore debout, l'incendie avait été maîtrisé suffisamment rapidement pour que les piliers fondateurs ne soient pas affaiblis. Lorsqu'il n'y aurait plus aucune braise, il serait probablement possible de la visiter pour trouver de quelconques indices. Malheureusement, tout ce qui était en surface avait presque entièrement brûlé. A moins que le but fut de détruire entièrement la bâtisse, ce que l'incendiaire cherchait à réduire à néant ici n'existait certainement plus. Toutefois, il ne fallait pas écarter la possibilité qu'il s'agisse d'un simplet accident. Le conseiller était peut-être persuadé qu'un individu fomentait un vil plan dans l'ombre, mais il pouvait se tromper. Il était du devoir de Ioann de ne laisser aucune piste de côté, même celles qui n'allaient pas dans le sens de son client.

Leon était déjà plus difficile à trouver. Heureusement, en se présentant, le Volk fut conduit à lui. Quelques gardes avaient aménagé un bureau dans un bâtiment voisin afin de l'interroger. Manifestement, il ne devait pas être le seul à penser qu'il fallait creuser toutes les pistes. Le conseiller avait beau prétendre que ce témoin était fiable, l'interrogatoire qu'il subissait laissait penser qu'on le soupçonnait tout de même. Ioann venait d'entrer dans la pièce lorsqu'il entendit le concerné se plaindre qu'il avait éteint un feu et qu'il voulait juste aller se reposer. S'il était vraiment celui qui avait stoppé le feu, il y avait peu de chances pour qu'il soit coupable. Ou alors il aurait été bien idiot de rester sur les lieux et d'arrêter ce qu'il avait lui-même initié, sauf s'il fut pris de remords. Une fois de plus, c'était une possibilité à ne pas écarter, bien qu'elle paraisse très peu probable pour le détective.

"Ioann Volk, enquêteur chargé de résoudre cette affaire. C'est votre conseiller qui m'envoie."

Alors qu'il laissait les gardes prendre bonne note de ces informations et de leur véracité en leur tendant quelques papiers fournis par son client, l'Ombre étudia un peu plus attentivement le dénommé Léon. Une idée lui vint alors pour s'assurer plus ou moins sa pleine coopération et son témoignage.

"Comme vous pouvez le lire, je suis habilité à mener cette enquête comme je l'entends tant que cela reste acceptable. Voici ce que je vous propose : laissez-moi partir avec cet homme, il reste un témoin avant d'être coupable. En attendant de trouver le véritable incendiaire, il pourrait m'assister pour le démasquer. Son témoignage me sera précieux, de même que son aide sur les lieux de l'incendie. Si vous le souhaitez, faites-nous suivre par l'un de vos hommes afin de vous assurer qu'il ne fuira pas en attendant le verdict. Qu'en dites-vous ? Vous surtout, Léon, êtes-vous d'accord avec ça ?"

Glazza était toujours sur l'épaule de Ioann. Sentant le besoin de son maître, il utilisa alors son partage des sens sur le garde le plus proche, le seul susceptible d'entendre les chuchotements de l'Ombre. Cette capacité de l'oiseau permettait de donner l'un des sens du Volk à quelqu'un, ici l'ouïe. Puisque Ioann était sourd, le garde le devint aussitôt. Heureusement, le silence qui s'était installé n'éveillerait pas aussitôt ses soupçons, mais cela ne durerait pas longtemps. Le détective en profita pour rajouter rapidement une dernière phrase à l'attention de Léon que personne d'autre ne pourrait plus entendre en l'état.

"Vous faites un suspect idéal pour eux, un coupable facile, mais je n'y crois pas. Me rejoindre le temps de l'enquête reste votre meilleure occasion de vous sortir de là et de leur prouver votre innocence. Ne leur faites pas ce plaisir de refuser."

Comme prévu, le garde n'entendit rien. Il se serait probablement offusqué sinon. Glazza arrêta aussitôt sa magie avant qu'il ne s'aperçoive de quelque chose. La discussion pouvait maintenant reprendre normalement.

Les gardes acceptèrent la proposition. En même temps, Ioann avait presque "autorité" sur eux, ils n'avaient pas trop le choix sauf si l'Ombre se montrait trop étrange ou excessif dans ses demandes. Mais ce n'était pas le cas présentement. Leur suspect n'était pas totalement libre et l'investigation pourrait avancer, s'y opposer serait une entrave à l'enquête en l'état. Le seul qui pouvait véritablement refuser, c'était ce Léon, bien que ça ne serait clairement pas à son avantage vu sa position délicate dans l'histoire. Ce fut probablement la raison pour laquelle il accepta également ces conditions. Parfait, tout le monde était content !
Sa tâche ici terminée, Ioann entreprit de se diriger vers le lieu de l'incendie. Avec ce témoin qui le suivait, il pourrait optimiser son temps en l'interrogeant tandis qu'il analyserait la scène du crime. Cependant, celui-ci ne semblait pas vouloir le suivre très longtemps. En effet, dès qu'ils furent sortis du bureau, Léon s'arrêta bien vite pour lui faire part de ses remerciements ainsi que de ses encouragements pour la suite de l'enquête. Autrement dit, il comptait lui fausser compagnie visiblement. Le Volk avait appris à baser son existence autour de principes, mais il avait remarqué que la plupart des gens en manquaient cruellement. Malgré son précédent accord, pourtant très récent encore, l'homme était déjà prêt à le rompre en repartant de son côté. Le doute était légèrement permis, mais c'était ce qu'en déduisait Ioann de ses propos. Même s'il ne l'avait pas encore explicitement dit, sa façon de lui souhaiter de trouver le coupable, en s'excluant de cette réussite, avait tendance à prouver ses intentions de fuir.

"Vous ne m'accompagnez pas ? Au-delà de vous innocenter, votre aide serait réellement la bienvenue. Vous étiez là durant l'incendie, vous avez pu voir des choses qui me seraient précieuses à savoir. En nous y prenant bien, cela ne devrait pas nous accaparer trop de temps. Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'une piste sérieuse. Après ça, je devrais pouvoir me passer de vos services et vous serez suffisamment écarté des suspects pour pouvoir repartir librement."

Prudence, le loup de Ioann, revint se poster à ses côtés après l'avoir attendu à l'extérieur alors que son maître s'apprêtait à repartir, avec ou sans Léon. L'Ombre n'allait pas le supplier non plus pour qu'il le suive ou qu'il réponde à ses questions. Si un témoin ne voulait pas y mettre du sien, il n'était pas du genre à insister. Le témoignage ne serait de toute façon jamais totalement fiable dans ces circonstances et il y avait d'autres moyens de parvenir à ses fins sans perdre davantage de temps inutilement.

"Faites comme vous le souhaitez, je ne vous retiens pas ni ne vous oblige à rien. Contrairement à lui."

Le Volk fit un bref mouvement de la tête vers l'un des gardes qui les avait suivis. Comme convenu, il n'allait pas les lâcher d'une semelle durant l'enquête, en gardant une distance raisonnable pour ne pas être trop envahissant, mais suffisamment proche pour poursuivre Léon si l'idée de s'enfuir le prenait. La décision de ce dernier importait assez peu au détective finalement. Son aide faciliterait peut-être les choses, mais il croyait assez en lui pour être sûr d'y arriver sans aussi. Quant à Léon, il serait alors innocenté dans tous les cas. Il ne tenait qu'à lui d'attendre ce jugement dans une cellule ou sur le terrain. Le laissant libre de son destin, Ioann reprit son chemin. Il traversa la rue et se retrouva presque aussitôt sur les lieux de l'incendie. En attendant un éventuel témoignage, il révoqua Prudence pour appeler Foi à la place. Ce loup lui serait bien plus utile pour obtenir quelques indices sur l'origine du feu. En effet, très vite après qu'il soit apparu, l'animal prit une teinte orangée tandis qu'une aura vacillante l'entoura. Dans la situation actuelle, le rendu faisait forcément penser aux flammes. Autrement dit, l'incendie était dû à la magie. Bien, leur coupable maîtrisait donc les arcanes du feu apparemment.

Léon l'avait finalement rejoint. Il avait probablement compris qu'il n'avait pas trop le choix s'il voulait rester libre en attendant le verdict. Il insista d'abord bien trop fortement sur son innocence, son rôle de témoin et la recherche du véritable coupable. Une phrase qui était certainement destinée au garde qui continuait de les suivre, mais qui n'y changerait rien. Parfois, Ioann se réjouissait d'être sourd : lorsque l'on parlait trop fort près de lui, voire que l'on criait, il pouvait rompre à tout moment le partage de sens de Glaza. De cette façon, sa surdité redevenait totale et il pouvait échapper à cette cacophonie. Il fut tenté de le faire à cet instant, mais son compagnon semblait en avoir fini. Il risquait plus de louper la suite de la conversation qu'autre chose, qu'il espérait plus intéressante et instructive.
Tandis que Léon lui racontait au mieux ce qu'il avait vu, le détective continuait d'observer la scène du crime. Maintenant qu'il savait que le feu était magique, il espérait retrouver son origine. Malheureusement, puisqu'il n'était pas naturel, ce serait une tâche beaucoup plus compliquée à mener. Le début du discours de son témoin n'aidait pas beaucoup plus non plus, cette enquête démarrait plutôt mal. La deuxième partie fut déjà un peu plus intéressante cependant. Il parlait d'un autre homme qui semblait tout aussi suspect que lui, si ce n'était plus. Qu'il puisse s'agir du coupable semblait trop beau pour être vrai. Il serait sacrément stupide aussi à rester ainsi à rire de son méfait, à la vue de tous. Il pourrait par contre s'agir d'un complice, ou tout simplement d'un témoin manquant cruellement de morale.

"Ce serait bien de le retrouver en effet. Pas pour le "défoncer", ou pas tout de suite en tous cas. Vous est-il venu à l'esprit qu'il pourrait s'agir du coupable ? Ou bien d'un complice de celui-ci ? Au pire, il pourrait aussi s'agir d'un témoin ayant bel et bien vu que vous n'y étiez pour rien. Dans tous les cas, il y a des chances pour qu'il puisse nous être utile dans cette enquête. Pourriez-vous me le décrire ? Avez-vous vu vers où il est parti ? Nous devrions partir à sa recherche dès que nous en aurons terminé ici. Avant, j'aimerais que vous m'aidiez à trouver l'origine du feu. Le point de départ de l'incendie pourrait nous en apprendre beaucoup également."

Ioann révoqua Foi, n'ayant plus besoin de ses capacités, et entreprit de se faufiler parmi les ruines encore fumantes. Il le fit avec précaution en analysant chaque élément, aussi bien pour éviter tout accident que pour trouver un précieux indice.

"A votre avis, de ce que vous en avez vu, le feu semblait s'être déclenché à l'intérieur ? Ou bien quelque chose qui aurait brûlé à l'extérieur se serait ensuite propagé vers l'édifice ?"

L'Ombre avait déjà son idée sur la question : le bâtiment était entièrement calciné, un feu extérieur l'aurait probablement davantage épargné. L'une des extrémités aurait dû en réchapper, même partiellement. Tandis que si l'incendie s'était déclenché en son coeur, il aurait alors eu le temps de brûler tout ce qui l'entourait avant d'être maîtrisé. Ce qui ressemblait à la situation actuelle. Toutefois le doute restait permis, surtout si plusieurs feux avaient été allumés autour de la demeure. Léon, qui avait assisté à la catastrophe, pourrait peut-être approuver ses hypothèses ou au contraire lui montrer la bonne voie.

Un adepte du tutoiement. Ces différentes formes de politesse échappaient encore totalement à Ioann, dont il trouvait l'opposition ridicule. Pourquoi ne pas s'en tenir à une seule formule plutôt que de passer sans cesse de l'une à l'autre selon son interlocuteur ? C'était se compliquer la vie pour rien et s'offusquer de celle utilisée dès lors que c'était la mauvaise aux yeux d'autrui. Cela ennuyait profondément le Volk, qui devait sans cesse s'adapter à une banalité du genre. Il avait toutefois appris avec le temps que le vouvoiement était le plus conseillé aux premiers abords, le tutoiement étant par la suite convenu d'un commun accord. Faire l'inverse était généralement plus mal perçu.

"Si tu veux, ça ne me dérange pas."

Cette formalité réglée, Leon lui donna quelques détails de plus sur l'individu suspect. Selon ses dires, il s'avérait vraiment grand et maigre, ce qui le rendrait relativement reconnaissable. C'était déjà une bonne chose. Son style vestimentaire allait également les aider à le retrouver, même s'il y avait probablement pas mal de personnes bien habillées dans ce quartier. Il précisa également qu'il était coincé tout en noir, mais il s'interrompit au milieu de sa comparaison. Cela n'avait certainement pas grande importance, Ioann haussa les épaules tandis que son témoin continuait de lui parler. Il donna quelques derniers détails qui pourraient avoir leur importance : un teint pâle et des yeux clairs, le tout le faisant passer pour un vampire. Ce qui avait peu de chances d'être le cas en plein jour, mais on ne savait jamais.

"Je prends bonne note de tout ceci. Ton témoignage pourrait faire la différence et nous aider à trouver le coupable, et t'innocenter par la même occasion. Il y a de nombreux détails qui pourraient nous permettre de l'identifier."

Suite à la description sommaire du suspect, dont l'Ombre se contenterait puisqu'il comprenait aisément que Leon ne l'ait pas observé davantage dans le feu de l'action, son témoin enchaîna sur l'incendie. Tout ce qu'il put lui révéler fut qu'il venait incontestablement de l'intérieur de l'édifice. Un fait qui concordait avec ses premières hypothèses. Voilà qui allait davantage encore réduire la liste des suspects possibles.

"Ca nous arrange. Il y a de grandes chances que l'homme soit connu et respecté des gens qui venaient ici tous les jours. L'endroit est trop fermé et privé pour qu'il soit si facile de s'y promener en tant qu'étranger. Une origine interne sous-entend un certain rapprochement avec le lieu, ou alors d'être particulièrement doué pour s'infiltrer et rester discret."

Malheureusement, l'état actuel du bâtiment n'allait pas aider à déterminer si les serrures avaient été forcées ou non, ce qui aurait tout de suite permis de trancher entre les deux. Cependant, son témoin allait se montrer plus utile que prévu en allant au-delà de son témoignage. En effet, il trouva une étrange pierre plate au milieu des décombres, suffisamment mystérieuse pour attirer l'attention d'un enquêteur. Ioann laissa Leon la ramasser et l'étudier malgré le risque de détruire une preuve. Il jugea qu'elle aurait déjà du l'être si elle était si fragile, tandis que si elle était liée à cet incendie elle pouvait encore s'avérer dangereuse. Qu'un autre que lui la manipule n'était donc pas plus mal, sachant qu'il n'avait rien demandé au jeune homme pour le coup. Il ne serait en rien responsable d'un malheur.

Il regarda tout de même par-dessus son épaule afin de remarquer un détail avant une éventuelle combustion, explosion ou toute autre destruction de l'objet. Il y vit entre autres le petit symbole de flamme, qui était suffisamment évocateur dans leur cas pour rendre la pierre particulièrement suspecte. L'Ombre s'écarta aussitôt de quelques pas, par simple précaution. Il ne put dès lors en voir davantage, mais de toute façon Leon cria rapidement au feu. Non pas que l'objet s'était enflammé, c'était plutôt le jeune homme qui l'avait fait. Il venait d'identifier comment l'incendie avait été allumé. Ioann s'en doutait également pour sa part, mais il était curieux d'avoir la version de son témoin.

"Comment penses-tu qu'il ait été allumé alors ? Reconnaîtrais-tu cette pierre ? Je n'en ai jamais vu de semblables. Connaître l'origine ou l'histoire de cette pierre pourrait également nous aider à nous rapprocher du coupable. Si tu sais quoi que ce soit là-dessus, n'hésite pas à m'en faire part. Cependant, je te demanderais de bien vouloir me faire face et de bien articuler à partir de maintenant car je ne t'entendrai plus."

A peine eut-il dit ces mots que Glaza quitta l'épaule de Ioann et s'envola jusqu'à disparaître à l'horizon. L'Ombre venait de lui demander d'essayer de retrouver cet homme dans la foule à travers toute la ville. Il devrait aisément dépasser ses semblables d'une tête, l'oiseau pouvait y arriver. En attendant, même s'il redevenait sourd, le Volk pouvait continuer son enquête ici. Il avait su faire avec sa surdité pendant quelques temps avant de trouver sa corneille, il pouvait encore se débrouiller sans. Puis Prudence était encore à ses côtés, prêt à lui signaler un danger grâce à sa magie.

Leon se mit à répondre à Ioann d'une façon qui lui paraissait un peu exagérée. Les gens avaient souvent du mal à savoir comment se comporter en présence d'un handicapé, il faisait sûrement partie de ceux-là. Quoique lui avait-il précisé que c'était un handicap qui le forçait à agir de la sorte ? Peut-être pas maintenant qu'il y pensait... C'était tellement évident pour lui, il lui arrivait parfois d'oublier que ce n'était pas si flagrant que ça pour les autres, qui avaient en général besoin de plus d'explications. Peut-être que le jeune homme ne l'avait pas compris ? Cela pourrait justifier qu'il pense le gêner, bien que l'Ombre ne fût pas sûr de cette hypothèse. Dans le bénéfice du doute, mieux valait le lui préciser tout de même, surtout qu'il ne pouvait toujours pas partir comme ça sans s'attirer des ennuis.

"Je suis sourd, mais Glaza peut partager son ouïe avec moi pour me permettre d'entendre. Mais il peut aussi m'offrir sa vue, voilà pourquoi je viens de l'envoyer en éclaireur pour chercher cet individu. Forcément, même si je peux encore entendre par ses oreilles, ce ne sera pas ce qui se dit ici. Je suis donc de nouveau sourd."

Leon avait dit autre chose de très intéressant : d'où il venait, cette pierre permettait d'user de magie. Et d'où provenait-il exactement ? Puisque l'espion était supposé agir pour le compte d'une autre nation, il aurait été très utile de le savoir... Ioann rapporterait cette pierre à son client, en plus de l'information s'il parvenait à l'obtenir.

"Et d'où venez-vous ? Je n'ai rien vu de tel à Shoumei. Ah ! Veuillez m'excuser, je vais maintenant fermer les yeux, je ne pourrai plus lire sur vos lèvres non plus... Glaza a trouvé quelque chose, je dois procéder ainsi si je veux voir par ses yeux."

Joignant le geste à la parole, l'Ombre ferma les paupières et distingua aussitôt ce que voyait sa corneille. Un homme grand et pâle ressortait de la foule. Il semblait pressé et correspondait assez bien à la description faite par Leon. Sans perdre une seconde de plus, Ioann rouvrit les yeux et se dirigea vers la position du suspect en demandant à son acolyte de le suivre, non sans se saisir de la pierre de feu au passage.

"Glaza l'a peut-être trouvé et je crains qu'il ne cherche à quitter la ville. Voulez-vous bien m'accompagner pour l'identifier ?"

Le Volk se mit à courir en espérant que son témoin le suive. De temps en temps, il se permettait un très bref arrêt pour refermer les yeux et voir vers où progressait sa cible, Glaza continuant de la suivre en attendant l'arrivée de son maître. Petit à petit, ils parvinrent à le rattraper sans être repérés pour autant. Ils étaient dans son dos, l'homme continuant de marcher d'un pas pressé.

"Est-ce bien lui ?"

ce partage des sens avec Glaza était plutôt efficace, Leon disait vrai. Avec l'habitude, Ioann ne se rendait plus vraiment compte des atouts considérables que cela pouvait lui offrir, entre autres parce que ça lui servait grandement à compenser son handicap aussi. Il n'y avait pas le temps de se réjouir et de parler de ça plus longtemps toutefois, l'urgence pour l'instant c'était de rattraper le suspect avant qu'il s'enfuie. Ils le rejoignirent assez rapidement, puis le Volk laissa le soin à son acolyte d'aller l'identifier. Evidemment, de dos, c'était un peu compliqué. Il fit donc très vite le tour afin de finir devant lui, permettant par la même occasion de lui couper la route et donc sa retraite. Sa corneille étant plus proche d'eux que Ioann ne l'était lui-même, il put entendre leur conversation malgré la distance. On ne pouvait pas dire que Leon y allait par quatre chemins pour confronter leur suspect... Il l'accusa presque aussitôt avec des sous-entendus concernant la pierre de feu. Bien que ce soit un peu trop direct au goût du détective, il fallait admettre que ça restait efficace. En effet, la réaction du type valait quasiment pour preuve de sa culpabilité : il tenta d'agresser le jeune homme, mais celui-ci ne se laissa pas faire sans rien dire. Avant de lui laisser le temps de sortir l'objet qu'il prenait dans sa poche, Leon lui envoya des projectiles de glaces qui firent aussitôt mouche. L'individu sembla blessé, sûrement autant physiquement que dans son orgueil, et lâcha l'arme dont il s'était emparé. Ou plutôt, ce fut le mage de glace qui la saisit en profitant de son attaque et de la confusion générée pour la lui prendre. Puis il laissa Ioann prendre le relais, considérant peut-être à tort qu'il était davantage bon à la discussion plutôt qu'au combat.

"Je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de l'interroger. Son comportement en dit suffisamment long sans avoir besoin de parler. Et cette pierre trouvée sur lui, très similaire à celle laissée sur les lieux du crime, est une preuve de taille aussi. Je devais trouver le coupable, c'est chose faite. L'interrogatoire incombera maintenant aux gardes."

"La solitude."

Prudence venait d'intervenir, signalant à Ioann qu'un danger devait se profiler à l'horizon. L'Ombre bondit aussitôt sur le côté tandis que Leon se faisait assommer. Le simple mot du loup lui avait fait comprendre que l'homme devait avoir un complice dans les parages, et vu que sa magie se déclenchait au moment d'un danger imminent, il avait trouvé ça plus sûr de bouger de la sorte. Tant pis si ça avait dû être pour rien et paraître ridicule, il s'en moquait éperdument. Pour le coup, ça n'avait pas été inutile de toute façon. Effectivement, un individu venait de s'en prendre à Leon, alors qu'un autre avait manqué son coup sur Ioann. Il y avait même deux complices ainsi... Ca compliquait quelque peu la situation, le Volk se retrouvait à un contre trois. Où étaient les gardes quand on avait besoin d'eux ? Il y en avait au moins un qui avait dû les suivre jusqu'ici pour garder un oeil sur Leon, non ? Et ce dernier, comment allait-il ? Il semblait hors combat... Il aurait peut-être dû le prévenir, mais il n'était pas encore très habitué à la coopération, surtout dans un contexte d'urgence signalé par Prudence. Pour le moment, l'Ombre opta pour garder ses distances en reculant un peu tout en sortant la lame de sa canne.

"Messieurs, vous n'avez aucune chance. La garde est déjà en route, un homme qui nous suivait de loin est déjà parti les prévenir. Vous n'avez nulle part où aller, rendez-vous sans faire d'histoire."

Il fallait espérer qu'il disait vrai et que le couard n'avait pas tout simplement fui en les abandonnant à leur triste sort... Il ne fallait pas espérer d'aide de la part des quelques passants non plus, qui se souciaient surtout de s'écarter pour ne pas être malencontreusement blessés.

"T'as raison mec, mais ils ne sont pas encore là non ? On a tout le temps de se barrer avant ! Avec un peu de chance, cet imbécile fera un coupable idéal avec les deux pierres sur lui. Tiens tu sais quoi ? En fait on l'a vu s'enfuir parce qu'il était coupable et on l'en a empêché, comme d'honnêtes citoyens qu'on est. Le garde n'en saura rien, il n'a rien vu ni entendu de si loin. Il est déjà foutu ce type de toute façon, ça changera rien pour lui. Qu'est-ce que t'en dis ? On a de l'argent, tu pourrais être un riche témoin."

"L'offre est alléchante, je le reconnais. De combien parle-t-on ?"

"Oh beaucoup, de quoi te mettre en vacances pendant plusieurs mois !"

Ioann fit mine de réfléchir quelques secondes avant de répondre.

"Très bien, vous m'avez convaincu. J'accepte d'attendre la garde ici avec vous."

Ioann rengaina son épée à ces mots pour signifier son accord.

"Quoi ? Sérieusement ?"

"Attends mec, regarde l'oiseau sur son épaule. T'es le détective à la corneille, c'est ça ? T'es réputé pour ne jamais mentir... Tu promets de témoigner pour nous ?"

"Je vous promets de dire ce qu'il faut à la garde. Je mérite cette récompense après tous ces efforts, je ne vais pas laisser passer une si bonne occasion de l'obtenir."

En effet, Ioann avait pour principe de ne jamais mentir. Il ne mentait pas en leur disant ça bien qu'il comptait les dénoncer à la garde dès qu'elle serait arrivée. C'était ce qu'il fallait faire, et il avait besoin de la paie que son client lui avait promis. Si ces trois là comprenaient qu'il parlait de la leur, l'erreur leur incombait : il n'avait jamais rien précisé de tel, ils auraient dû insister en cas de doute. En attendant, cette manoeuvre était la meilleure idée qu'il avait eu pour éviter un combat mal engagé pour lui tout en lui permettant de délivrer les véritables coupables à la justice. Il ne restait plus qu'à attendre l'arrivée de la cavalerie.

Le plan de Ioann semblait fonctionner à merveille, les trois suspects attendant gentiment avec lui l'arrivée des gardes. Ca allait être la première fois que les coupables se rendraient aussi facilement, sans avoir à les livrer après avoir combattu contre eux. L'Ombre se félicitait d'être parvenu à cette fin sans avoir recours à la violence, c'était toujours préférable. La cavalerie arrivait enfin, tout allait se terminer d'ici peu. Malheureusement, c'était sans compter sur le réveil de Leon. Surtout, il n'était pas prévu qu'il entende les propos de l'enquêteur et qu'il le prenne au mot, ne comprenant pas sa stratégie. En même temps, ce n'était pas le but que quiconque puisse la comprendre, sinon les suspects non plus n'auraient pas été convaincus... Il avait juste basé son plan sur son inconscience, espérant qu'il le reste suffisamment longtemps pour que ça ne soit pas un problème. Si seulement ces malfaiteurs avaient mieux fait leur travail en l'assommant plus violemment afin qu'il reste dans les vapes une bonne heure... Sauf que ce n'était pas le cas, et que maintenant Leon faisait des siennes en n'ayant pas compris que Ioann était toujours de son côté et qu'il cherchait à se jouer des véritables coupables. Il se mit à les attaquer en leur envoyant une tempête de neige dessus. Quoique le mot "tempête" était peut-être exagéré puisqu'elle n'était pas si puissante que ça. Elle les gênait et les repoussait tout de même, les empêchant entre autres de rejoindre le mage de glace. Le détective aurait aimé lui révéler le subterfuge, mais la garde était encore trop éloignée pour prendre ce risque. Il opta plutôt pour rassurer les trois suspects.

"Laissez-le donc aller dans les filets de la garde. L'homme qui nous suivait est parmi eux, il sait qu'il est suspect. Il l'arrêtera, et le plan pourra reprendre dès que nous les aurons rejoints."

Effectivement, le garde qui les suivait de loin et qui était parti prévenir les siens était revenu avec eux, ce qui était plutôt logique en soi. Dans la panique et en ne sachant probablement pas quoi faire, Leon s'était rendu de lui-même à ses premiers geôliers. Ceux-ci s'occupèrent aussitôt de le mettre à nouveau aux arrêts en attendant d'avoir le fin mot de l'histoire. Tandis que l'attaque de glace s'achevait, les quatre hommes réapparurent à la vue de tous. Ioann se tenait fermement avec sa canne fichée dans le sol, tandis que deux autres étaient à terre et le troisième presque à quatre pattes. Chacun se releva pour s'approcher des gardes, les trois suspects ayant un air particulièrement colérique sur le visage. Nul doute qu'ils n'avaient pas apprécié cette petite attaque de la part de Leon. Pour sa part, le Volk restait relativement indéchiffrable. Ce fut le garde qui les suivait qui prit la parole en premier.

"Bon, je crois que l'affaire est résolue. Il est évident que cet homme ne fait que semer la destruction sur son chemin. C'est bien ce que vous en avez conclu avec votre enquête ?"

Alors qu'une certaine satisfaction se peignait sur les visages des trois suspects, Ioann répondit tout en s'éloignant d'eux pour se rapprocher des gardes.

"Pas vraiment en fait. Il est bel et bien innocent, ce sont ces trois-là les véritables coupables."

"Qu... quoi ? Mais cet homme... il s'agit d'un homme respectable de notre cité, il est haut placé. Pas comme ce vaurien !"

"Cela ne le rend pas moins coupable pour autant. Au contraire, il a même eu des accès privilégiés qui lui ont permis de lancer le feu depuis un endroit que Leon n'aurait jamais pu atteindre. Nous y avons d'ailleurs trouvé ce qui a déclenché l'incendie, il s'agit d'une pierre que Leon a gardé pour moi en m'assistant dans mon enquête. Et nous en avons justement trouvé une autre sur cet homme, que nous lui avons subtilisée pour preuve."

"C'est... c'est difficile à croire. C'est quand même quelqu'un d'important..."

"Ecoutez, j'ai été engagé pour mon impartialité et mon sérieux, je n'avance rien au hasard. Si vous doutez de mon honnêteté, laissez donc filer les vrais coupables pendant que j'irai faire mon rapport à mon employeur. Je doute toutefois qu'il apprécie votre contribution à l'issue de cette affaire."

"Ton honnêteté ? Tu nous avais promis de témoigner en notre faveur."

Parfait, l'homme commençait à sentir le vent tourner et se décidait à se trahir tout seul.

"Je n'ai jamais rien fait de tel. Je vous ai promis de faire ce qu'il faudrait pour obtenir ma récompense, et c'est ce que je suis en train de faire. Vous vous êtes fourvoyés en pensant que j'étais de votre côté, vous apprendrez à mieux interpréter les mots à l'avenir."

Evidemment, pour se dévoiler comme il venait de le faire, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils se rendent sans rien tenter. Alors qu'ils venaient de comprendre qu'ils avaient été abusés et que la situation était mal engagée pour eux, les deux complices tentèrent de fuir tandis que le coupable chercha à s'en prendre à Ioann et Leon.

tout s'enchaîna très rapidement dès que Ioann révéla la supercherie. Les deux complices, qui n'avaient probablement pas allumé le feu mais qui avait aidé à cette fin, s'enfuirent sans demander leur reste en comprenant qu'ils n'avaient plus aucune chance. Les gardes se mirent aussitôt à leur poursuite, ne laissant que peu de chances aux concernés de réussir leur fuite. Le détective doutait fortement qu'ils parviennent à échapper à leur attention, il s'agissait plus d'une réaction désespérée qu'autre chose. Le véritable coupable, pour sa part, le comprit probablement et préféra tenter de se venger plutôt que de se soustraire à son destin. C'était un  choix comme un autre, bien qu'il ne ferait certainement qu'aggraver son cas. Il utilisa l'une de ses pierres pour essayer d'atteindre Ioann, mais Leon ne le laissa pas faire en le provoquant. Si le but de son allié était de détourner l'attention pour devenir sa nouvelle cible, c'était réussi. Par contre, s'il avait également espéré le neutraliser, c'était loupé. Ils étaient encore trop éloignés l’un de l’autre pour qu'un seul des deux puisse s'y essayer, à moins d'avoir de quelconques capacités pour attaquer à distance. En théorie, le mage de glace les avait, mais il ne passa pas à l'action. Probablement ne souhaitait-il pas prendre le risque de blesser l'enquêteur accidentellement mais lui offrir plutôt une opportunité de se débarrasser prestement de l'agresseur. Quant à ce dernier, il n'avait pas l'air de pouvoir utiliser sa pierre à longue portée, ce qui rendait sa réaction très stupide. La colère pouvait être un formidable allié dans certains cas, mais dans d'autres elle amenait les gens à agir de façon totalement inappropriée.

Sans même avoir besoin de sortir la lame de sa canne-épée, Ioann se contenta de la partie contondante de son arme pour frapper rapidement et proprement sa victime. Un coup bien placé au niveau de la tête suffit pour le faire tomber dans l'inconscience. Se fichant pas mal de son sort, le Volk ne chercha même pas à le rattraper au vol, laissant son corps s'affaisser lourdement au sol sans esquisser le moindre geste pour limiter les dégâts. Les gardes finissant par revenir avec les deux complices arrêtés, on pouvait dire que la mission de l'Ombre était un franc succès. Elle s'arrêtait là toutefois, il ne lui incombait pas de se charger du transfert des prisonniers. C'était une autre responsabilité qu'il ne tenait pas à prendre. Il resta ainsi sur place pour finaliser les formalités d'usage avec Leon, ayant fini par apprendre un minimum de choses sur le comportement à adopter avec autrui pour rester "civilisé", laissant les gardes rentrer à la caserne avec leurs prises. Il ne tarderait pas à les rejoindre de toute façon, afin d'être dûment payé.

"En effet, j'ai connu pire comme équipe. Vous voilà libre, tâchez de le rester pour que nous nous rencontrions dans d'autres circonstances la prochaine fois."

A l'agréable surprise de Ioann, les adieux avec Leon changèrent de l'ordinaire : pas d'au revoir, pas de remerciements, juste une petite plaisanterie. L'Ombre préférait ça, les autres façons de faire, plus classiques, lui semblaient bien plus hypocrites aussi, trop conventionnelles. En plus, il n'appréciait pas particulièrement qu'on le remercie pour ce qu'il avait pu faire. C'était son travail, il était payé pour ça. Dire merci lui paraissait être quelque chose réservé à la reconnaissance d'une bonne action désintéressée, ce qui n'était jamais son cas. Il était sûr qu'il agissait toujours par intérêt, certainement pas par philanthropie.